C’est à la Maladrerie à Jodoigne que les agricultrices UAW du Brabant Wallon se sont réunies ce 21 novembre autour d’un thème qui, même si il est d’actualité, n’est pas, il faut bien le dire, le plus glamour.

« Agriculture – énergies renouvelables – sociétés : Rétablissons le courant ! » nous a permis d’entendre pas moins de 4 conférenciers de qualité. Nous les remercions déjà de leur exposé de qualité. Nous remercions aussi toutes les personnes présentes ainsi que la section UAW de Jodoigne  qui ont contribué, par leur présence, par leur travail, au succès de cette journée.

Retour sur une journée instructive

Etats des Lieux

Pour commencer un sujet tel que celui exposé, autant commencer par la base : l’état des lieux des bioénergies en Wallonie.

Entre Biogaz, Biomasse, Biométhanisation, Digestat, Biocombustibles, il y a de quoi perdre son latin…

Lola Brousmiche de Valbiom nous a remis sur les voies de la connaissance ou tout du moins de la compréhension de ce vocabulaire.

Valbiom est une asbl wallonne qui comprend près de 170 membres comme des agriculteurs, des sylviculteurs mais pas que… Il y a aussi des entreprises, des fédérations, des universités, des administrations publiques, des coopératives,… Sa mission est de stimuler et accompagner les initiatives durables de valorisation non alimentaire de la Biomasse.

La Biomasse est un concept beaucoup plus large qu’on ne le pense : elle comprend toutes les matières d’origine animale ou végétale qui peuvent être utilisées pour produire des aliments, de l’énergie, des matériaux, des textiles, des molécules. Nous pouvons différencier deux biomasses : alimentaire (céréales, légumes, viande, etc…) et le non alimentaire (paille, bois, herbe, algues,… mais aussi des déchets agro-alimentaires tels que chute de bois, boues d’épuration,…)

Quand nous parlons de Biométhanisation, nous parlons bien du principe d’utiliser des matières entrantes telles que citées précédemment, de les faire passer dans un digesteur et d’en récolter du biogaz qui sera utiliser via un co-générateur pour fournir la population en électricité.

Si toutes les matières organiques sont biométhanisables (sauf les matières ligneuses telles que le bois) toutes ne se valent pas. Il faut tenir compte de leur potentiel méthanogène.

Nous  avons 53 unités de biométhanisations, réparties sur tout le territoire wallon de façon assez uniforme. Le monde agricole n’est pas en reste puisque nous pouvons répertorier 13 unités agricoles et 16 unités ‘agricoles-micro’.

C’est un concept win-win puisque la biométhanisation produit du biogaz utilisé par le réseau électrique, en chaleur (chaudière) ou en gaz (carburant ou injection dans le réseau de gaz naturel) mais nous donne également du digestat que l’on peut revaloriser comme fertilisant. Le digestat est un amendement pour les sols qui permet la conservation de la fraction numérique et des NPK dans le sol, ce qui permet une protection des nappes phréatiques (moins de lessivage). Et ce n’est pas tout, le digestat a peu voir pas d’odeur…Le seul hic, c’est la complexité de la législation qui devrait évoluer avec la nouvelle directive européenne fertilisante. Affaire à suivre.

Nous avons également la génération des biocombustibles pour lesquels l’agriculture peut fournir du miscanthus. Miscanthus qui nécessitent peu de traitement et peu d’entretien à partir de la deuxième année et qui sont des graminées à haut rendement (culture : 20 à 25 ans). De plus, cette culture permet de lutter contre les coulées boueuses. La deuxième source de biocombustible est le bois poru la confection de pellets. Bref, pour ceux qui le souhaitent, il y a de quoi faire mais avant tout chose renseignez-vous en fonction de vos terres, Valbiom peut vous aider

Broptimize… un accompagnement utile et nécessaire

Avez-vous déjà passé un moment à comparer vos factures d’électricité et gaz sur le marché ? Cela prend du temps, c’est parfois incompréhensible, il arrive qu’on « loupe le coche » en voulant changer d’opérateur… et ainsi perdre l’opportunité de faire des économies ou

Broptimize est une startup de 3 ans. Il s’agit de frères, devenus consultants indépendant en énergie de Wallonie et qui ont monté une boite afin d’optimiser au mieux les prix de votre énergie d’où le nom Broptimize

Leur objectif : Négocier les meilleurs prix en permettant à chacun de se concentrer sur son vrai métier.

Pour Négocier, il existe 3 niveaux :

Négocier afin d’éviter les reconductions tacites, toujours à l’avantage du fournisseur,

Négocier ensemble  afin d’apporter le volume de clients et de diminuer la marge du fournisseur

Négocier au bon moment car souvent nous négocions à l’échéance du contrat et pas en fonction du prix des marchés.

Sébastien Menu explique que souvent, nous payons plus que nécessaire simplement par manque d’analyse de nos consommations. Il est recommandé de faire faire un audit, il s’agit d’études techniques de solutions et de mise en place de solutions alternatives. La bonne nouvelle c’est qu’il existe des aides en RW pour faire cet audit. Les ingénieurs pourront ainsi comprendre le souci, trouver la solution et aider à la mise en place de cette solution.

Il faut également se renseigner à la RW pour les subsides (60 à 70%) qui sont octroyés aux sociétés (pas pour les personnes physiques)

Les solutions ? Il y en a plusieurs en fonction du nombre de KW que vous avez besoin ou que vous sauriez produire. Il y a les installations photovoltaïques, l’éolien, la bio-méthanisation et l’éclairage LED.

Si vous avez besoin d’une puissance inférieure à 10KWc c’est—dire que votre consommation n’excède pas les 25MWh par an, ce sera l’éolien.

Si vous avez besoin d’une puissance supérieure à 10KWc autrement dit votre consommation est supérieur à 25MWh par an, il faudra sans doute opter pour du photovoltaïque.

Par contre, Broptimize peut vous accompagner, il vient vous encadrer, faire un suivi administratif.

Si le projet demande un suivi technique, dans ce cas, il y aura un  devis qui vous permettra de faire votre choix en bon père de famille.

Transition énergétique ? Kesako ?

Andréa Rossi, du Service d’étude avait pour charge de nous expliquer les travaux en cours à la FWA en ce qui concerne la transition énergétique.

On parle de photovoltaïques, d’éolien, de miscanthus, de biométhanisation, de biocarburant... Au niveau de nos exploitations, quels types d’énergie sont nécessaires, ou quels types de productions  sont possibles ? On parle de transition énergétique, qu’est-ce que cela va impliquer ?

La transition est définie comme un passage progressif entre deux états, deux situations.

Si nous tenons compte de la situation énergétique sur le terrain et des objectifs européens, nous devrons organiser notre transition énergétique de façon drastique.

En effet, la Belgique est à la traine (4ème en commençant par la fin sur 28 pays !!) et nous possédons plusieurs niveaux de pouvoirs qui traitent ces matières. Les gouvernements régionaux sont compétents pour les Energies renouvelables sauf pour les sones maritimes et les biocarburants qui eux sont gérés par le gouvernement fédéral.

Nous devons atteindre l’objectif de l’UE qui est vise à porter la part des ER (énergies renouvelables) à au moins 32% de la consommation finale d’E de l’UE à l’horizon 2030. La contribution belge consistera en la composition « bottom-up » des différentes entités et vise une contribution de 18.4% d’ici 2030 dans son PNEC, c’est le Plan National Energie-Climat.

Pour ce faire et afin de devancer les acteurs qui pourraient imposer des normes au secteur agricole, a FWA a souhaité mettre en place un groupe de travail (GT)  qui va anticiper le sujet et réfléchir sur les conséquences pratiques pour les agriculteurs. Sur base de ces réflexions, le GT présentera son travail proposera des solutions au comité Directeur. Forte de ce travail, de ces rencontres, et de ces décisions, la FWA pourra devenir une force de proposition auprès des décideurs politiques.

Qui pourra faire partie du GT ? il y aura un appel lancé au sein du Comité directeur syndical, du conseil général et des commissions spécialisées. Le GT a déjà commencé à travailler pour établir les bases de travail en septembre 2019... Nous sommes sur les rails !!

Au sein de la déclaration de politique régionale (DPR), l’énergie est un point sensible. Les liens avec l’agriculture y sont inscrits, comme le dit le ministre régional : « il faut explorer d’autres sources de revenus dans les fermes et parmi elles, il y a l’énergie… ». Il faudra tourner ces décisions en opportunités pour l’agriculture et non en contraintes :

  • Avec des mécanismes de soutien au gaz renouvelable afin de soutenir cette filière,
  • Avec l’adaptation de la pax eolienica
  • permettre un développement des unités de biomasse décentralisées pour offrir une possibilité de diversification et un soutien indirect pour les agriculteurs, une valorisation des rémanents agricoles et forestiers et une production d’énergie verte, stockable et non délocalisable.
  • possibilité de création d’emplois dans la bio-économie et la production de bioénergies.
  • encourager la biométhanisation pour une meilleure gestion des déchets, soutenir les agriculteurs produisant de l’énergie de manière significative pour alimenter un réseau local (village, hameau, entreprise)
  • Octroyer des aides, comme un audit énergétique, aux exploitations agricoles désireuses d’investir dans le renouvelable.

Il faut pouvoir identifier les rôles et les opportunités du secteur agricole en tenant compte de la réalité sur le terrain :

  • Le climat financier des exploitations agricoles n’est pas bon (que ce soit en Wallonie ou en Europe)
  • on ne peut pas faire du vert si on est dans le rouge !
  • les mécanismes de régulation du marché n’existent plus en Europe. Il faut explorer d’uatres sources de revenus.

Bref, nous avons encore du travail sur le feu !

Un cas pratique ?

La commune de Jodoigne a vécu un phénomène peut commun : en quelques années d’intervalles, le complexe sportif détruit par une tornade, reconstruit a été re-détruit de nouveau par une tornade.

La commune a donc réfléchi et décidé de reconstruire un complexe sportif mais de le délocaliser. Et pour ce faire, pourquoi ne pas en profiter pour y ajouter toutes les dernières nouveautés en matières d’énergies renouvelables. Ce qu’a été fait.

Le projet avance à grand pas et c’est Sophie Van Parijs du GAL Culturalité de Hesbaye Brabançonne qui est venue nous expliquer ce beau projet : le Projet Biomasse.

Le futur complexe sportif sera situé sur la Plaine de la Gadale et s’étendra sur 12ha. Il sera composé d’une piscine, d’un hall sportif et de plusieurs terrains (foot, rugby,…). SI tout se déroule dans les temps, pour fin 2022, les travaux seront terminés.

Pourquoi venir exposer ce projet lors de cette journée ? Simplement parce que la question de la chaudière a été étudiée dans les moindres détails. Une étude de préfaisabilité a été faite et voici la solution retenue par la commune. Il s’agira d’une chaudière polycombustible avec un silo enterré. Elle fonctionnera avec du miscanthus produit dans la région.

Le Miscanthus Giganteus est une culture qui demande un investissement à la plantation mais par après, très peu d’investissement dans les années suivantes : pas d’intrants et au niveau des machines la planteuse à pommes de terre et l’ensileuse à maïs feront très bien l’affaire.

Cette culture plantée en année 0 sera récoltée pour la première fois en année 2 et est implantée pour 20 ans. Après la seconde année, plus aucun traitement ne sera nécessaire et la destruction (après 20 ans) est des plus facile, il suffit de déterre les racines.

Le Miscanthus est également une plante très utile lors des préventions d’inondation (leur capacité d’infiltration est au maximum), pour retenir les boues (la plantation sait faire un barrage et permettre à la boue de rester sur place et à l’eau de s’infiltrer) , ou même dans les bandes tampon (puisque pas de PPP)

Cette plante est utilisée dans divers domaines : les chaudières, mais également, le paillage horticole, la litière pour les chevaux, pour les poulets, l’isolation de bâtiment,….

Il existe déjà des cultures de miscanthus dans la région de Jodoigne mais pas assez pour subvenir aux besoins de la future chaudière. La commune a donc 2 ans (fin 2022) pour trouver des producteurs. Il y a 7 hectares d’implantés et pour le bonne marche de l’entreprise, il nous faut 15 hectares. La commune cherche donc des agriculteurs pour planter mais également des agriculteurs pour stocker. A bon entendeur…

 

Besoin d’informations complémentaires ?

Valbiom

Chaussée de Namur, 146

5030  Gembloux

Email : info@valbiom.be

Téléphone : +32 (0)81/87.58.87

Broptimize

Rue des Meuniers 7

4350 Remicourt

http://www.broptimize.be/

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andrea.rossi@fwa.be

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