Agricultrices, que serons-nous dans 20 ans ?

50 ans de défense des intérêts des agricultrices et de leur famille !

C’est un événement  à ne pas manquer !

S’il fut couronné de succès c’est grâce à vous toutes… Par votre présence, ce 22 mars, vous avez rendu hommage à toutes ces femmes qui se sont investies pour créer et faire vivre notre mouvement.

Mais c’est également grâce à vous toutes, les agricultrices, qui avez participé pendant des journées entières à « l’épluchage des archives ». Travail de longue haleine qui fut également ponctués de fous rires et de moments d’émotions à la lecture des divers dossiers qui ont jalonné notre vie, votre vie.

Le congrès s’est déroulé en trois parties, la première retraçait 50 ans d’histoire, la seconde présentait, grâce à des capsules vidéos, 11 portraits d’agricultrices, leur vie, leur métier, leurs raisons d’être agricultrices mais également de faire partie de notre mouvement. Nos ministres régional et fédéral ont ensuite pris la parole. Et la troisième partie, présentée par la Présidente UAW, Geneviève Ligny, présentait le travail fait depuis un an et qui a pour but de lancer les lignes directrices de l’UAW avec ses valeurs et ses défis. Travail qui sera, dès les prochains mois et en collaboration avec le CSA,  continué en province grâce à divers ateliers qui permettront d’élaborer des plans d’actions provinciaux à l’horizon 2020.

Anne-Marie Tasiaux

Les avancées sociales

par Anne-Marie Tasiaux, présidente honoraire UAW (extraits de son intervention)

En 1969, les agricultrices de chez nous se réunissent pour essayer de former une association se préoccupant de leurs soucis, mais aussi pour se rencontrer et parler de leurs problèmes de femmes et d’agricultrices. C’est ainsi que naissent presque simultanément les UPAF et AAF, Union Professionnelle Agricole Féminine et Alliance Agricole féminine.

En 1981, nous avions toujours sur notre carte d’identité la mention « sans profession ». C’était frustrant, au vu des nombreuses tâches effectuées par les femmes dans nos fermes familiales ! Nous revendiquions déjà que nous n’étions pas sans profession, mais que nous étions des conjointes aidantes.

Enfin, en 1989, les agricultrices finissent par obtenir leur premier statut social. La protection sociale restait minimale, mais ce tout petit pas a ouvert tant d’autres portes par la suite. Ce premier statut, c’était enfin la reconnaissance sociale, juridique et professionnelle tant attendue. Si avoir un statut semble évident pour nos jeunes agricultrices d’aujourd’hui, sachez qu’il a pourtant été bien difficile à obtenir !

Dans les années ’90, les agricultrices rencontrent les conjoints aidants des autres professions (médecin, construction…) pour avancer encore dans la reconnaissance de notre statut. Des commissions sont mises en place de part et d’autre des mouvements féminins pour étudier le statut juridique des conjoints aidants : des séances d’information sont organisées pour que les agricultrices soient au courant de tout ce qu’elles pouvaient mettre en œuvre pour se protéger dans l’exploitation, et faire reconnaître leur place. Enfin, en 2003, notre mini statut deviendra obligatoire pour le conjoint aidant !

En 2005, une nouvelle grande victoire pour les agricultrices et les conjoints aidants de tous les secteurs ! Les conjoints aidants obtiennent enfin un statut complet, sous l’impulsion de Sabine Laruelle, Ministre de l’Agriculture et des Classes moyennes, qui connaissait le secteur et l’implication des femmes dans les exploitations. Toutes les conjointes aidantes nées après 1956 obtiennent un statut équivalent à celui d’un indépendant. Dans la foulée, un chèque maternité est accordé aux indépendantes qui accouchent, de même que des titres service pour aider les jeunes mamans.

Le 14 février 2007, au bout d’une longue négociation, en guise de cadeau de Saint-Valentin, le Ministre Lutgen accorde aux agricultrices l’accès à la cotitularité des droits de production. C’est une avancée capitale car elle permet le partage de la prise de décision dans nos exploitations.

En 2015, en Wallonie, la nouvelle PAC instaure la reconnaissance des conjoints aidants, en leur accordant le top up, soit un supplément d’aide aux 30 premiers hectares de l’exploitation.

D’un statut de femme au foyer, à celui d’unité de main d’œuvre indépendante reconnue dans la PAC, quel beau chemin parcouru au cours de nos 50 ans d’histoire. Pendant ce demi-siècle, les agricultrices de nos mouvements n’ont jamais cessé de réclamer la reconnaissance de leur place dans la société et au sein de l’exploitation.

Aussi, pour conclure, je veux dire merci à toutes celles qui ont mené ces combats pour que nos agricultrices soient aujourd’hui des indépendantes,  qui ont toute leur place dans nos fermes familiales, et qui sont reconnues comme telles.

Aux jeunes agricultrices d’aujourd’hui, je voudrais dire de rester vigilantes, car un droit acquis peut toujours être perdu. Nous comptons sur vous pour continuer à protéger ces droits de toutes vos forces. Soyez, comme l’ont été les agricultrices des générations précédentes, fière de votre statut, de votre métier, de notre agriculture !

Irène Monjoie

La formation des agricultrices

par Irène Monjoie, présidente honoraire UPAF (extraits de son intervention)

En organisant des formations notre objectif était de répondre à la demande des agricultrices.

Fin des années ‘60, il y avait encore dans presque toutes les fermes du lait, du beurre, des volailles, des cochons, un jardin potager ; bref beaucoup de bons produits que nous souhaitions valoriser au mieux, d’où la demande de cours de cuisine.

Simultanément, le besoin de formation en secrétariat et administration s’est manifesté : par exemple, pour passer de la taxe de transmission à la TVA qui serait appliquée à partir de janvier 1971.

Dans les années ’70, l’obligation scolaire passe progressivement de 14 à 18 ans et la mixité est introduite dans tous les réseaux d’enseignement secondaire, c’est ainsi que les portes des écoles d’agriculture se sont ouvertes  pour les jeunes filles.

En 1976, la loi impose l’égalité des hommes et des femmes dans l’exercice des droits sur la propriété matrimoniale et consacre l’égalité de l’homme et de la femme dans le mariage. Il en découle alors une demande d’information sur l’impact de cette loi dans la gestion des fermes, en plus des cours d’administration déjà mis en place.

Pendant les années ’80, les conseillères ménagères agricoles désignées par le Ministre national de l’agriculture pour chaque province, nous ont accompagnées pour les formations allant de la tenue des comptes à l’amélioration de l’habitat et à l’embellissement des abords de fermes.  En plus de ces cours nous organisions des sessions de 30h de formation technique professionnelle souvent liée à l’élevage.

Pendant les années ’90, les techniques d’information et de communication entrent dans nos fermes, des cours d’informatique s’avèrent nécessaires pour utiliser ces nouvelles technologies.

En 2001, nous publions un Classeur vert qui reprend la situation de la femme au point de vue social, économique et culturel.

Dans la suite des années 2000, nous organisons plusieurs sessions sur la communication et l’image de l’agriculture avec différents  partenaires.

Nous continuons des formations sous diverses formes : cours, conférences, échange d’information entre nous pendant les réunions, excursions avec visites culturelles et professionnelles, journées provinciales …

Si les connaissances théoriques dispensées sont indispensables pour devenir un bon agriculteur, une bonne agricultrice, elles ne suffisent pas. Un esprit d’ouverture, une capacité d’adaptation, la faculté de collaborer avec d’autres pour inventer son avenir, bref le bon sens terrien contribuent à la réussite. Comme l’écrivait  déjà Montaigne au 16° siècle : « Mieux vaut une tête bien faite qu’une tête bien pleine ». Nos agricultrices l’ont compris et c’est dans cet esprit qu’elles ont souvent agit.

Les jeunes agricultrices ont un niveau d’étude supérieur à celui des générations précédentes : environ 35% des étudiants en Hautes écoles d’agronomie (types long et court) sont des femmes, et environ 40% dans les universités, option sciences agronomiques et ingénierie biologique ; mais les défis restent nombreux pour elles, et plus que jamais la formation restera un élément déterminant pour la réussite de leur avenir et il est bon parfois de savoir d’où l’on vient pour déterminer où on va.

Que l’esprit constructif qui a présidé pendant 50 ans les diverses formes de formation de notre mouvement se perpétue, tel est le vœu de chacune d’entre nous.

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Place de la femme et son rôle dans les exploitations, les syndicats et la société

par Irène Monjoie, présidente honoraire UPAF (extraits de son intervention)

En 1968, pour la première fois au Congrès des UPA, une femme, Madame Faveresse, prend la parole. Son intervention s’intitule : « l’exploitation familiale, c’est aussi la femme ; La femme n’est pas un instrument ni un facteur de rendement » ! Titre audacieux devant une assemblée presqu’exclusivement masculine à l’époque.

En 1971, le thème de l’assemblée nationale de l’AAF était « la fermière dans l’exploitation familiale et dans le syndicalisme ». Ce thème affichait une volonté de reconnaissance de la place et du rôle des femmes dans l’agriculture.

Depuis, les femmes se sont impliquées progressivement dans les structures de notre organisation jusqu’à être présentes à tous les niveaux décisionnels depuis le bureau, le comité directeur, le conseil général, les commissions spécialisées, les comités provinciaux et cerise sur le gâteau, c’est une femme qui a été élue présidente de la FWA  au mois de janvier. Bravo Marianne !

Quelques dates ont marqué l’évolution de nos organisations :

En 2001, après un temps de réflexion dans les mouvements de l’AAB et des UPA-UDEF, nous aboutissons à la création d’une nouvelle organisation agricole, la FWA. Les femmes et les jeunes ont aussi leur organisation.

Le choix du nom de la nouvelle organisation féminine s’est fait en concertation : Micheline Develter, la Présidente, et les dames de l’AAF souhaitaient que le mot Union apparaisse dans la nouvelle structure, c’est ainsi qu’est née la dénomination de l’UAW. Le logo devait être le symbole de notre mouvement : une touffe de blé en herbe dans le creux d’une main.

Nous avons voulu déconstruire le mythe de la terre nourricière. Trop de rêveurs croient que l’action du soleil, de la pluie et de la nature  suffisent pour faire pousser les récoltes.

C’est le travail des hommes et des femmes avec la nature qui nourrit le monde, qui façonne nos paysages, qui enrichit notre pays, telle est la portée symbolique de notre logo.

Notre organisation tire sa légitimité de son fonctionnement démocratique, toutes nos responsables sont élues depuis les sections locales jusqu’à la Présidente et sur proposition du Ministre Régional de l’Agriculture, Monsieur René Collin, le gouvernement wallon a reconnu le 27 septembre 2018, l’UAW comme Organisation Professionnelle Agricole. Cette reconnaissance est gratifiante pour nous et elle nous conforte dans notre rôle de représentation des intérêts collectifs des agriculteurs dans de multiples cercles, à tous les niveaux de débats, de décision ou de pouvoir.

Nous sommes bien plus qu’un organe de contestation, nous avons la volonté d’être une force de proposition constructive, ambitieuse et réaliste  pour répondre aux nécessités du secteur, mais aussi prendre en compte, voire anticiper les attentes de la société.

Nous souhaitons  faire connaitre la réalité de notre agriculture et affirmer les valeurs que nos familles portent.

Notre souci permanent depuis la création de notre organisation, c’est que notre adhésion à celle-ci soit un plus pour nous-même, un plus pour nos familles, un plus pour notre organisation, un plus pour toute la  société.

Votre participation à cette assemblée est un témoignage d’adhésion à nos valeurs.

Caroline Jaspart

Les agricultrices avant-gardistes

par Caroline Jaspart-Herbiet, vice-présidente nationale UAW (extraits de son intervention)

Les agricultrices ont toujours eu à cœur de traiter des thématiques innovantes. C’est ainsi que dès le début des années ’70, lors de leurs Journées d’étude provinciales, elles se sont penchées sur de nombreuses problématiques qui, pour l’époque, étaient novatrices.

Nous pouvons notamment citer des sujets comme dès les pesticides en agriculture (1973), la pollution de l’environnement (1973); l’agriculture et l’environnement (1993); les OGM (1999); les biotechnologies pour l’agriculture (1999); le réchauffement climatique (2007); les pertes agricoles et le gaspillage alimentaire (2015)…

Elles ont, par ailleurs, toujours eu le sens de la formule pour interpeller le monde politique avec le défi qu’elles ont lancé au ministre Forêt en 2003, « 180 minutes pour remplir un permis d’environnement », soulignant le parcours du combattant qu’engendre ce type de démarche administrative.

Les agricultrices ont également, dès le début de leurs activités en 1969, été préoccupées par la santé et la sécurité à la ferme, autant que par le bien être des familles agricoles : notamment via une Campagne visant à prévenir des dangers qui peuvent survenir sur une exploitation.

Au début des années 2000, les agricultrices développent notamment des sujets comme la précarité en agriculture et la gestion du stress. Ces réflexions aboutiront notamment, fin 2000, à la création du Groupe de Soutien aux agriculteurs en difficultés, qui assure encore aujourd’hui un premier relais, service pour les agriculteurs en situation de détresse.

La relation agriculteurs – consommateurs a aussi, dès le commencement, inquiété les groupes d’agricultrices wallonnes. Dès le milieu des années ’70, elles entament des actions de sensibilisation des consommateurs, dans les écoles également, et interpellent les médias afin de mettre en avant et défendre leurs produits comme le beurre, le lait.  Par exemple, en 1975, les agricultrices réagissent vigoureusement à l’assaut lancé par Test Achat contre le beurre et d’autres produits naturels.

Toujours dans cet esprit d’amélioration de la relation entre les agriculteurs et les consommateurs, fin des années ’90, elles étudieront et approfondiront leurs réflexions dans une thématique intitulée « du producteur au consommateur – communiquer pour mieux s’entendre »…

Les projets mis en place par les agricultrices ont souvent été avant-gardistes, notamment en matière de créneaux de diversification. C‘est au milieu des années ’70 que le projet de tourisme à la ferme a germé au sein des groupes d’agricultrices wallonnes en mettant en place le premier camping à la ferme dans la région de Bastogne, et la création d’Agritourisme et de UTRA, les ancêtres d’Accueil Champêtre en Wallonie. Pour le citoyen, c’est une sorte de « retour aux sources », de re-prise de conscience des racines qui le lient à la terre.

Avec pour objectif de sensibiliser les jeunes de notre société à la réalité de la vie dans nos exploitations, d’autres diversifications initiées par les agricultrices seront également les fermes pédagogiques et la vente en circuits courts, qui apparaissent au début des années ’90.

50 ans après, force est de constater que les agricultrices sont toujours prêtes à relever les défis de demain, en traitant des sujets à la pointe ; à l’écoute et soucieuses d’accompagner les familles agricoles wallonnes vers l’avenir et attentives aux préoccupations des consommateurs et citoyens dans le perspective d’un mieux vivre ensembles !

Dominique Beckers

Les agricultrices communiquent et s’ouvrent vers le monde

par Dominique Beckers, vice-présidente nationale UAW  - (extraits de son intervention)

Les agricultrices ont, depuis toujours, communiqué sur leurs activités pour s’ouvrir vers l’extérieur, pour transmettre aux citoyens la passion de leur métier.

Dès 1969, elles ont la parole sur les ondes de la radio. Madame Delmotte ainsi que Madame Leboutte sont intervenues à la tribune libre syndicale de la RTBF pour informer sur leur mouvement, leur métier, leur vie de famille…

Les pages des femmes au sein du Plein Champ sont aussi des supports de communication et d’information sur notre métier. Et depuis 2015, l’UAW publie 6 pages mensuelles pour communiquer davantage sur les valeurs de notre profession et pour ainsi bénéficier de l’expérience et du savoir des autres agricultrices.

Les agricultrices ont toujours été proches de la Famille Royale. La famille royale a ainsi particpé à de nombreux congrès et rencontres diverses comme en  1975 avec  Reine Fabiola, en 1982, avec le Roi Baudouin, en 2011, une visite d’étude en présence de la Princesse Mathilde et en 2017, la Reine Mathilde a souhaité rencontrer deux agricultrices sur la thématique du travail des femmes dans les fermes.

Notre mouvement a aussi toujours veillé à rencontrer et interpeller le monde politique en prônant la défense des intérêts des familles agricoles wallonnes et de la place de la femme en agriculture pour ainsi influencer certaines décisions politiques.

De même, les agricultrices attachent beaucoup d’importance à l’ouverture au monde, à l’international. Que ce soit au COPA, ou en voyage d’étude au Canada, ou encore lors de Séminaire à Madrid, les agricultrices étaient présentes

En octobre 2004, le premier voyage en Roumanie qui fut suivi de 4 années d’échanges très enrichissants tant du côté wallon que du côté roumain, des échanges de savoir-être et de savoir-faire qui laissèrent beaucoup de souvenirs très émouvants dans la mémoire de toutes celles qui ont participé à ce programme.

Les pays du Sud ont également accueilli de nombreuses fois nos représentantes. En 2008, notre mouvement a, en partenariat avec l’Université de Gembloux et le professeur Lebailly, aidé à la mise en place d’un projet « cochons » au Vietnam.  Près de 360 familles ont ainsi pu élever des porcs en 4 ans.

En 2011, un projet appelé « projet chèvres » a été réalisé grâce à une collecte au sein de notre mouvement et un soutien financier du Rotary de Morlanwelz. Ces chèvres ont aidé une trentaine de familles au Niger.

D’autres rencontres ont eu lieu avec les agricultrices du Sud : des agricultrices du Vietnam, du Burundi, du Tchad, des pays des 1000 collines mais aussi des femmes rurales d’Ouest Afrique. Mais toutes ces rencontres n’auraient pu se faire sans la collaboration étroite que nous menons pour la plupart des échanges avec le Collectif Stratégie Alimentaire.

Vous toutes, agricultrices d’hier et d’aujourd’hui, avez fait énormément pour rendre notre profession visible, pour véhiculer une image moderne, positive et plus juste de notre métier au quotidien.

Il me semble important que nous, les agricultrices, continuions notre travail de visibilité, d’ouverture et de reconnaissance de notre mouvement pour communiquer sur les valeurs et la réalité de notre métier et des pratiques de notre travail dans nos exploitations et ainsi favoriser les échanges avec les autres secteurs et la société.

Geneviève Ligny

Agricultrices, rendez-vous dans 20 ans…

Discours de  Geneviève Dupont-Ligny, Présidente nationale UAW

L’UAW a rencontré Sol et Civilisation lors d’un voyage découverte de coopératives en France en mai 2017.

Ce voyage organisé par le CSA, nous a permis de découvrir le travail d’accompagnement de S&C pour la coopérative de Figeac qui avait amené une réflexion de fond sur les enjeux des relations agriculture – territoire et agriculture – société.

Sujet préoccupant, qui interpelle les agricultrices wallonnes, car elles s’interrogent sur leur avenir et sur les relations agriculture – société.

Les agricultrices du Hainaut ont été les pionnières en collaborant avec S&C pour leur journée provinciale du 5 septembre 2017, intitulée « Femmes agricultrices, rendez-vous dans 20 ans ! » Elles ont réfléchi ensemble à la place des agricultrices et des femmes rurales dans le devenir de nos campagnes et de notre mouvement. Grâce à l’organisation d’un Forum Ouvert, les agricultrices présentes ont formé 22 ateliers de discussion, avec des sujets qu’elles avaient choisis.

Ce chantier a été révélateur d’un véritable souhait de préparer, dès aujourd’hui, le futur que les agricultrices souhaitent, et d’en être les actrices !

Toujours active à porter les combats agricoles, ruraux, et sociétaux d’aujourd’hui et de demain, et forte de ceux qu’elle a mené hier, l’UAW a conduit en 2018 une réflexion sur la situation actuelle et a défini les visions d’avenir de l’agriculture wallonne pour les 20 prochaines années.

En partenariat avec le CSA et S&C, l’UAW a ainsi mobilisé un ensemble d’acteurs dans une démarche de prospective.

Première étape : un audit d’éclairage

La première étape de cette démarche a été la réalisation d’un audit d’éclairage intitulé « Conditions et moyens d’une meilleure qualité des relations agriculture-société-territoire en Wallonie. Quels rôles et stratégies pour les agricultrices et les femmes rurales ? ». Cet audit a donc réuni 17 acteurs concernés par le sujet lors d’entretiens individuels et confidentiels.

Je remercie d’ailleurs tous les acteurs pour leur participation à ce travail collectif comprenant des agriculteurs, le monde de la recherche, des représentants du monde politique, des enseignants d’écoles d’agronomie, des organisations professionnelles agricoles, des partenaires bancaires et de la filière, ainsi que des ONG environnementales. Je remercie tout particulièrement : le Service d’études de la FWA, le Centre de Gestion Technique Agricole, Agricall, Inter Environnement Wallonie, le Ministère régional de l’agriculture, la Fevia, Crelan, le Boerenbond, la FJA, l’Université de Gembloux Agro-Bio Tech, l’Ecole Provinciale d’Agronomie et des Siences de Ciney et Test Achat.

Deuxième étape : construction de scénarios

La deuxième étape de la démarche a été la construction de 4 scénarios d’évolution possible de la relation agriculture - société - territoire en Wallonie à l’horizon des 20 prochaines années, à travers 4 ateliers réunissant un groupe de travail composé d’acteurs collaborant avec le secteur agricole : l’Université catholique de Louvain, Natagriwall, Haute école de la Reid, Service d’études de la FWA, l’APAQ-W, le CRA-w, Test achat, la FJA.

La troisième étape de la démarche a alors été, à partir de ces scénarios, de tirer les enseignements stratégiques de la prospective à travers 3 ateliers réunissant un groupe de travail interne à l’UAW composé d’agricultrices.

Nous avons toutes ensembles définis :

  • Tout d’abord la « raison d’être » de l’UAW ;
  • Ensuite, 4 valeurs importantes de notre mouvement ;
  • Et pour terminer, les 3 grands défis se présentant à l’agriculture familiale wallonne, et plus spécifiquement à l’UAW.

En ce qui concerne la raison d’être de l’UAW, celle-ci est définie comme suit :

«  L’UAW est un lieu d’accueil et un mouvement de défense des intérêts des familles agricoles.

Sa raison d’être est de fédérer les agricultrices wallonnes et de soutenir nos agricultures familiales afin qu’elles coopèrent à une société durable et solidaire »

Troisième étape : Les valeurs de l’UAW

Pour vous présenter les 4 valeurs importantes pour notre mouvement, fruit du travail réalisé avec Sol et Civilisation, le CSA et le groupe d’agricultrices de l’UAW dans le cadre de notre projet « Agricultrices, que serons-nous dans 20 ans ? »,  j’invite 2 agricultrices qui ont participé au groupe de travail visant l’élaboration de celles-ci, Bernadette Vromman et Florence Graindorge :

  • Solidarité & coopération

Nous affirmons que la solidarité et la coopération sont des marqueurs de notre identité. Ils traduisent l’esprit de famille, le sens du collectif et du partage, l’importance accordée à l’écoute et au soutien qui nous animent depuis toujours. Ils rendent compte du sens de notre métier qui s’exprime au-delà de notre mission première alimentaire. Chacun et ensemble, nous prenons soin de la nature, nous faisons partager le plaisir de goûter et de découvrir, nous contribuons à une économie responsable et solidaire, nous sommes animés par la passion du vivant. Nous croyons que par la coopération entre agriculteurs et avec la société l’agriculture wallonne sera plus forte.

  • Professionnalisme

Le professionnalisme dans nos engagements nous caractérise. La pratique de nos métiers mobilise des savoirs, des savoir-faire et des savoir-être de pointe dans des domaines très divers. Il requiert des services et des conseils de haut niveau auquel notre collectif travaille pour répondre au plus près de l’actualité et des besoins de nos membres. L’investissement de chacun est guidé par l’exigence et la qualité du travail fourni dans son exploitation comme au sein du mouvement. Nous sommes tournés vers la recherche d’efficacité dans nos démarches et nos combats au service des adhérents.

  • Respect de la différence

Nous assumons le respect de la différence comme une valeur fondamentale qui nous permet d’accueillir et de fédérer l’immense diversité des métiers et des projets que mènent les femmes et les hommes qui font l’agriculture familiale wallonne aujourd’hui. Ce respect mutuel nous aide à conduire l’ouverture constructive et positive de l’agriculture familiale à toutes ses parties prenantes. C’est avec cet état d’esprit que nous serons des partenaires reconnus des transitions de notre société.

  • Audace

C’est notre audace qui nous conduit chaque jour à faire progresser toutes les agricultures familiales wallonnes en assumant la complexité et la diversité de nos métiers. Mêlée à la liberté d’entreprendre que nous revendiquons, elle nous aide à transformer les problèmes, les tensions, les controverses et les clivages en opportunité pour être innovant et accompagner les agricultrices, les agriculteurs et les familles agricoles vers des projets gratifiants et valorisants. Et nous avons l’audace de penser que les agriculteurs sont depuis toujours et peuvent être demain encore des acteurs clefs des équilibres de société en Wallonie.

Quatrième étapes : les défis  de l’agriculture familiale et de l’UAW

Nous avons parlé de la raison d’être et de nos valeurs. J’aimerais maintenant poursuivre avec les 3 grands défis se présentant à l’agriculture familiale wallonne, et plus spécifiquement à l’UAW.

Le premier défi est de Continuer nos combats syndicaux pour défendre l’agriculture familiale et faire entendre la voix des femmes en partenariat et dans une meilleure complémentarité avec la FWA et la FJA.

L’UAW est reconnue comme Organisation Professionnelle Agricole (OPA), c’est un atout majeur pour défendre les agricultrices. Pour rappel, sur proposition du Ministre de l’Agriculture, René Collin, le gouvernement wallon a reconnu le 27 septembre 2018, l’UAW comme Organisation professionnelle.

Cette reconnaissance s’inscrit dans le cadre du Code Wallon de l’Agriculture. Elle permet d’assurer à long terme son implication dans le processus décisionnel et de concertation de la Politique Agricole wallonne.

Le travail des agriculteurs est facilité par la collaboration que l’UAW a la chance d’avoir avec les différents services de la Maison de la Ruralité : SEIT, CGTA, FiscaliFWA, ACW.

Aussi, l’image de l’UAW vis-à-vis du monde extérieur a toujours été avant-gardiste.

En effet, les femmes ont un pouvoir singulier pour faire avancer l’agriculture : appréhender plusieurs dimensions en même temps, anticiper, avoir une vision à long terme et tendre la main.

Nous pouvons affirmer que nous sommes dans l’ère du temps : un mouvement de femmes est très tendance, sexy mais pas sexiste, ce qui nous valorise dans les négociations avec les hommes.

J’ajouterais que nous avons une approche positive des relations agriculture et société.

Je veux dire par là que face à des situations compliquées, les agricultrices proposent des solutions, s’adaptent ou trouvent des compromis plutôt que de casser le dialogue ; construire au lieu de détruire. C’est la fibre maternelle qui parle et qui est une force incomparable.

À côté du succès, il y a quand même quelques failles : la dimension familiale de l’agriculture wallonne qui diminue…

Historiquement, les exploitations se transmettaient de père en fils. Actuellement, beaucoup déclarent ne pas avoir de repreneur ; pour certains, il s’agit de la fin de l’agriculture familiale.

Or nous voyons l’installation des jeunes familles agricoles ainsi que des nouveaux agriculteurs (non issus de familles agricoles), ce sont d’excellentes initiatives. Les jeunes ont des projets innovants tenant compte des enjeux environnementaux et surtout apportent une belle diversité de profils agricoles.

Je souhaite mettre en avant le fait que les jeunes agriculteurs ont tendance à privilégier la collaboration. Nous savons que c’est un plus !

Le partage d’expérience entre pairs est une des formes de collaboration informelle qui se développe bien, qui permet d’aller plus loin ensemble, et démontre un nouvel élan de solidarité, gage de préservation de notre agriculture.

Nous collaborons dans nos familles au quotidien, cette collaboration est la clé du succès de demain.

Je pense d’ailleurs que les femmes jouent un rôle important dans la transmission des exploitations, elles sont le trait d’union entre les différentes générations. Elles contribuent à entretenir, maintenir le dialogue lors des discussions intra-familiales.

Passons maintenant au Second défi qui a pour but de Dynamiser et rajeunir notre réseau en accompagnant les femmes à entreprendre et à devenir actrices de leur destin

Notre objectif principal est de renouveler l’effectif féminin du mouvement. Il y a des jeunes femmes, aux talents cachés, que nous mettons en lumière. L’initiative « jeunes pousses » et le groupe de travail des jeunes agricultrices sont de beaux exemples d’intégration.

Dès qu’elles ont mis le pied dans le mouvement, elles y découvrent l’intérêt de s’investir pour la défense du métier, mais aussi de développer des contacts humains et de s’enrichir socialement et intellectuellement.

Nous aimons mettre en valeur nos jeunes agricultrices dès que l’occasion se présente. Par exemple, sa majesté la Reine Mathilde a notamment rencontré 2 jeunes agricultrices en 2017.

Nous avons aussi eu la chance d’avoir 2 agricultrices élues comme ambassadrices dans le cadre du 50ème anniversaire du statut de l’indépendant organisé par l’INASTI, une dizaine d’entre elles a également eu l’opportunité de rencontrer Monsieur le Ministre Collin et d’évoquer avec lui les sujets qui les préoccupent…

J’en profite pour vous informer que le nouveau Bureau de l’UAW s’est enrichi de 6 nouvelles agricultrices sur 9.

Pour accueillir de nouvelles agricultrices, nous créerons de nouvelles activités en lien avec leurs attentes, dans un cadre moderne, style « new look » !

Nous leur offrirons des formations d’excellence avec des partenaires de qualité, des cours de management, de psychologie des consommateurs, etc. Il est impératif de comprendre la société dans laquelle nous vivons, ne pas s’opposer à celle-ci, et avoir un discours mobilisateur qui donne envie de collaborer à ce monde nouveau dont nous avons besoin.

Je souhaite créer avec mes membres un sentiment collectif fort, susciter la fierté d’appartenir au groupe UAW, construire la même histoire, l’histoire de nos agricultures.

Nous forgeons notre destin sur nos multiples compétences.

J’arrive maintenant au troisième défi qui vise à Valoriser nos acquis et faire évoluer notre réseau d’agricultrices et de femmes rurales vers un mouvement d’ouverture et de traitement des enjeux agriculture et société

Nous devons faire émerger les conditions d’un dialogue constructif autour de l’agriculture familiale wallonne.

En effet, l’UAW a pour grande tradition de partager, rencontrer, expliquer le travail des agricultrices notamment lors d’événements de rencontre du grand public comme les Fermes en ville, les journées fermes ouvertes, la Ferme Enchantée de la Foire de Libramont ; mais aussi dans leur travail quotidien dans le cadre de leurs fermes pédagogiques ou lors de la vente directe à la ferme.

Le lien entre l’exploitation et le monde qui l’entoure est souvent assuré par les femmes.

Aujourd’hui, nous assistons à une perte de lien entre les consommateurs, les citoyens et les agriculteurs. Nous devons donc leur tendre la main et continuer à communiquer mieux et plus sur les réalités du métier d’agriculteur, sur nos pratiques et sur nos produits.

Nous devons aller à la rencontre des consommateurs pour leur re-donner confiance en l’agriculture wallonne. Nous sommes fiers de ce que nous produisons et nous devons le montrer !

Un point que j’aimerais mettre en avant, c’est le climat. Aujourd’hui, les jeunes se préoccupent de l’avenir de la planète et des conséquences du réchauffement climatique, les agriculteurs aussi s’en préoccupent ! Comme toute action, l’agriculture émet des gaz à effet de serre, nous somme à la fois cause, victime, mais nous faisons également partie des solutions pour lutter contre le réchauffement climatique.

En 30 ans, l’agriculture wallonne a diminué de 20% ses émissions de gaz à effet de serre ; alors que par exemple les émissions des transports ont augmenté de 30%.

Par rapport à cette préoccupation climatique, nous avons pris l’initiative d’inviter à la Maison de la Ruralité durant les vacances de Pâques, des adolescents participant aux manifestations pour le climat pour débattre sur l’agriculture wallonne. Ils visiteront des fermes pour prendre conscience de la réalité du terrain et termineront par le CRA-w (Gembloux) afin de dialoguer avec le monde de la recherche agronomique.

En conclusion

Je voudrais terminer sur le fait qu’aujourd’hui, nous avons fait un arrêt sur image après 50 ans de travail collectif.

Nous avons défini nos valeurs, et nous allons les faire vivre !

Nous répondrons aux défis identifiés et nous poursuivrons le travail avec toutes les agricultrices de l’UAW.

La redéfinition de la vision de l’UAW est l’aboutissement d’un travail de plusieurs mois, mais est surtout le lancement d’une nouvelle phase ! Un nouveau chantier s’ouvre à l’UAW : les priorités stratégiques seront déclinées en actions concrètes.

Le Bureau et les provinces s’approprieront la démarche.

Vu le taux de renouvellement important des femmes élues au niveau national et provincial, cette dynamique de réflexion sur les priorités stratégiques sera très motivante et porteuse pour démarrer le mandat des élues.

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