« Qu’est-ce que tu fais jeudi soir ? », « T’as été à la manif à Bruxelles ? », « Mamaaaaannn, qu’est-ce qu’on mange ce soir ? », « Il y a une vache qui s’apprête, tu ne sais pas aller voir, chérie ? » Petit florilège de questions qu’une agricultrice, agriculteur ou jeune agriculteur peut se voir posées un jeudi 20 février ! Pourtant, à toutes ces questions, une trentaine d’entre eux a répondu « Non, ce soir, je dîne chez le Roi ! »
Cette réponse a tout pour ne pas être prise au sérieux. Et pourtant, il n’en est rien ! Depuis que Philippe est devenu Roi des Belges, il a pour habitude avec son épouse de recevoir un panel de citoyens issus des différents secteurs de la société belge. Après les policiers, les enseignants, la magistrature, les acteurs de la culture, les agriculteurs flamands et wallons étaient à l’honneur. Hasard du calendrier, cette rencontre coïncidait avec la manifestation des agriculteurs lors du Sommet européen à Bruxelles. L’occasion d’accentuer le message.
Le 20 février dernier, une trentaine de jeunes agriculteurs flamands et wallons ont donc troqué bottes, salopettes et fourches contre robe, costumes et brushing. Journée tout en contraste pour honorer l’invitation du Palais.
Après un briefing de quelques minutes par les membres du Cabinet du Roi (On appelle le Roi « Sire », la Reine « Majesté », on ne se lève pas de la table pour aller à la toilette, quand le Roi se lève, on se tait, le diner se tiendra dans la salle bleue…), nous voici donc en compagnie des souverains pour une soirée inédite.
L’ensemble du groupe de jeunes est divisé en 4. Chacun aura l’occasion de s’entretenir avec les souverains. Nous passons une partie de l’apéritif avec la Reine Mathilde. D’emblée, elle nous met à l’aise et s’intéresse à nos réalités. La discussion s’oriente rapidement sur les difficultés liées aux nombreux contrôles. Ils sont nécessaires mais ne doivent pas s’axer sur la peur de la sanction comme nous le ressentons souvent.
Tout est minuté, contrôlé. Après une dizaine de minutes, nous passons à table. Pour l’entrée et le plat consistant, nous aurons le plaisir de nous entretenir avec une diplomate du Palais. La discussion est ouverte, franche et le protocole plus souple. D’origine néerlandophone, elle nous parle des réalités en Flandres. Les enjeux sont similaires et les relations entre les deux communautés étroites. L’occasion aussi d’aborder la situation politique actuelle.
Vient ensuite le dessert. Petit flottement… Philippe et Mathilde changent de table. Nous prendrons les douceurs en compagnie du Roi. Tour de table durant lequel chacun se présente. D’emblée, il remarque la complicité et souligne la passion qui anime les membres du groupe. Il y a des choses qui ne s’expliquent pas toujours : les valeurs de la terre sont fortes. Face au rang du Roi, derrière la rigidité du protocole, on se retrouve face à une personne discrète et réservée. Il parle peu mais écoute beaucoup. La soirée avance et les souverains prennent congé.
L’expérience touche à sa fin. Le stress retombe. Les premières impressions fusent. A-t-on été à la hauteur ? A-t-on pu faire passer le message que l’on voulait ? Ont-ils compris nos réalités ? Nous aurions pu rester encore un peu, prendre un pousse-café, mettre un peu de musique, danser sur les tables ! Ce n’était pas prévu J
Bref, cette rencontre était essentiellement symbolique. Il n’y avait pas de revendications directes (les pouvoirs du Roi sont limités par notre Constitution) mais la volonté de montrer une agriculture belge variée, confrontée aux mêmes difficultés peu importe le côté nord ou sud du pays.
