Le 18 février dernier avait lieu notre Conseil Général de rentrée !

Au programme, élection de nos trois Vice-Présidentes (photo ci-dessous), présentation par le Centre wallon de Recherches agronomiques (CRA-W) d’une série de données et outils numériques utiles et utilisés en agriculture et introduction à la protection des données numériques.

 

  1. Le numérique c’est quoi ? (par Viviane Planchon, CRA-W)

La révolution numérique a lieu dans tous les secteurs ! Pour en parler et se concentrer sur l’agriculture numérique, le « smart-farming », une mise en contexte et une présentation des définitions s’imposent.

Le numérique, le digital, désigne les « technologies de l'information et de la communication » (TIC). TIC est une expression qui désigne les techniques liées à l'informatique et à l'Internet (mais aussi de l'audiovisuel, des multimédias, des télécommunications) qui permettent aux utilisateurs de communiquer, d'accéder aux sources d'information, de stocker, de manipuler, de produire et de transmettre l'information sous différentes formes : texte, image, interface graphique…

L’agriculture numérique représente l’application moderne des technologies de l’information et de la communication (TIC) dans le domaine agricole. Les données agricoles sont obtenues par les capteurs, les systèmes de positionnement, les bases de données, les drones, la robotique, l’internet des objets, etc. Ces données sont ensuite croisées et des plateformes informatiques sont créées.

Les données agricoles peuvent provenir directement de l’agriculteur (données personnelles, carnet de champ, densité de semis, données du robot de traite, quantité de fourrage produit, analyse de sols…) ou être publiques (données provenant des satellites, carte des occupations de sols, carte du relief, base de données avec l’ensemble des produits PPP…).

D’autres données contribuant à améliorer, optimiser la gestion des exploitations agricoles participent à cette digitalisation de l’information :  

  • Les données météo et agrométéo (météorologie et agronomie), exploitées en temps réel ;
  • Les données spatialisées, offrant une représentation cartographique de différents paramètres ;
  • Les données géolocalisées, qui sont des données avec une information sur les coordonnées géographiques permettant de localiser l’endroit où la donnée a été prélevée ;
  • Les données géoréférencées, le géoréférencement est le processus de détermination des coordonnées géographiques de chaque élément de la carte (exemple : routes, limites administratives, etc.). Avec les cartes géoréférencées, il est possible de les combiner et d’obtenir au final une représentation très précise d’un lieu, d’une parcelle agricole. Un Système d’information Géographique (SIG) stocke les informations concernant les parcelles agricoles sous la forme de couches thématiques pouvant être reliées les unes aux autres : type de sol, altitude – relief – pente, éléments structurants du paysage, agrométéo…)
  • Les images optiques et radar, qui sont des vues satellites ;

L’agriculture de précision est basée sur le concept de l’observation, la mesure et finalement la réponse à la variabilité intra et inter parcelles au niveau des cultures. L’objectif est de définir un système de décision pour la gestion de l’exploitation dans sa globalité en cherchant à optimiser les intrants et à préserver les ressources.

Le Smart farming c’est « l’agriculture de précision 2.0 », à savoir l’ensemble des technologies basées sur l’utilisation d’une nouvelle génération de capteurs/vecteurs dans le domaine de l’agriculture. La combinaison des informations multisources permet de fournir des informations pertinentes aux agriculteurs.

 

  1. Présentation des principaux capteurs utilisés en agriculture (par Fabienne Rabier, CRA-W)

L’agriculture de précision, en culture et en élevage, est rendue possible par la présence de capteurs et par la localisation des données.

Les capteurs permettent d’effectuer des mesures à l’échelle de l’animal, de la culture, du sol, des mesures d’environnement/ambiance et au niveau des produits agricoles (quantité, qualité), et d’obtenir des données géolocalisées.

Les vecteurs sont les instruments ou véhicules dans lesquels sont embarqués les capteurs, par exemple un satellite, un drone, un tracteur

On distingue les capteurs suivants :

  • Les capteurs cultures qui permettent notamment d’estimer l’hétérogénéité des besoins en fertilisation d’azote (modulation des apports) :
    • Le capteur multispectral, basé sur la réflectance de la lumière sur le couvert végétal (actif ou passif) ;
    • Le fluorimètre, qui mesure la fluorescence des molécules excitées sous UV ;
    • Le capteur d’ultrason, présent sur les rampes du pulvérisateur pour la régulation automatique de la hauteur de rampe, permet également de connaître la hauteur de végétation à tout moment, possibilité aussi de mesurer l’hétérogénéité de la culture au cours de la saison ;
  • Les capteurs animaux (un micro par exemple, dans les porcheries cela permet de détecter les maladies respiratoires ;
  • Les capteurs sol
    • Conductivimètre, mesure de la résistivité électrique du sol et permet de réaliser des cartes d’hétérogénéité des sols, qui peut aussi être équipé d’un pHmètre, pour adapter les apports de chaux ;
  • Les capteurs à la récolte, pour cartographier le rendement ;
  • Les capteurs qualité produits, évaluation en continu de la qualité de l’ensilage, du fourrage, du lisier, du lait, des grains… ;
  • Le tracteur est un immense capteur, il y a plein d’informations à récolter et il est possible de le transformer en un outil d’aide à la décision.

Mme Rabier a conclu sa présentation en ces mots : « Il est important de valoriser les données en des outils utilisables par les agriculteurs. L’homme restant au centre des décisions ».

 

  1. Exemples de plateformes numériques utilisées ou en cours de développement au CRA-W (par Viviane Planchon, CRA-W)

Une plateforme numérique est un Outil d’Aide à la Décision (OAD), il s’agit de l’ensemble des techniques permettant, pour un producteur en temps réel, de prendre la bonne (rentable et durable) décision au moment/lieu/quantité le plus approprié dans l’utilisation d’un intrant et/ou d’une technique culturale. Ces outils concernent la fertilisation raisonnée, la conduite des cultures, la protection des cultures, la gestion de la trésorerie, etc. Une multitude de plateformes numériques sont disponibles pour l’agriculteur wallon.

Pour le suivi, le développement, la prévention des risques, l’orientation des choix et l’évaluation des résultats des cultures, le CRA-W développe et met au point des modèles d’agriculture ‘smart’. Pour ce faire, les chercheurs récoltent, interprètent, combinent et traitent des informations sanitaires, techniques et pédoclimatiques wallonnes, des données issues des outils de détection et de télédétection avec intégration des diverses technologies satellitaires, aériennes, fixes et embarquées, avec une connexion à la gestion territoriale.

Mme Planchon nous a alors présenté plusieurs exemples de plateformes numériques utilisées ou en cours de développement au CRA-W en agriculture de précision (BELCAM), en élevage de précision (WALLe-SMART), en gestion des risques et avertissement (AGROMET, CECI-BLE, PHENO-BLE).

 

  1. Les données, leur protection et leur valorisation : un partenariat recherche scientifique et juridique (projet OpEnAgro4.0) (par Dominique Vrebos, CRA-W)

Le projet OpEnAgro 4.0, grâce au partenariat pluridisciplinaire entre scientifiques et juristes a pour objectif de fournir les pistes et les outils de valorisation de la collecte, la consolidation, l’analyse et l’exploitation de données, de modèles et d’OAD construits à partir de différents types et d’origine/propriété des données, ainsi que de qualifier le régime juridique propre aux données et aux modèles diffusés.

Une « success story » en matière de partenariat scientifique-juridique et pour une valorisation des OAD mutuellement avantageuse pour toutes les parties prenantes (CRA-W/ISSeP et leurs partenaires de recherches, fournisseurs de données, exploitants des outils, utilisateurs finaux, pouvoirs subsidiant).

 

  1. La protection des données numériques (par Manon Knockaert, CRIDS)

L’après-midi s’est terminée avec l’intervention de Mme Knockaert, juriste au CRIDS, Centre de Recherche Information, Droit et Société ; qui étudie les interactions entre les sciences humaines et la société de l'information. Son intervention avait pour objectif de nous présenter, de manière générale, ce qui encadre la protection des données numériques.

  • Une donnée à caractère personnel ?

Toute information qui se rapporte à une personne physique identifiée et identifiable est une donnée à caractère personnel (exemples : données privées, données professionnelles, données de localisation, données sensibles, identification par corrélation).

Les cookies, par exemple, sont des données à caractère personnel si elles sont mises en relation avec une personne physique identifiable (exemple : adresse IP). Il y a 2 types de cookies : les cookies fonctionnels, utiles pour une navigation optimale ; et les non fonctionnels qui sont non nécessaires au bon fonctionnement du site et pour lesquels votre consentement doit être demandé.

  • À partir de quand le RGPD s’applique ?

Le RGPD s’applique dès qu’il y a un traitement de données à caractère personnel. Toute opération ou tout ensemble d'opérations effectuées ou non à l’aide de procédés automatisés est un traitement de données. Par exemple, collecte, enregistrement, organisation, structuration, conservation, adaptation, extraction, rapprochement, etc.

En recherche scientifique, le RGPD s’applique tout au long du processus d’utilisation de données numériques : de la collecte, à la transformation, à l’intégration, à la validation et jusqu’à la publication des données.

  • Comment protéger ses informations ?
Les obligations du responsable de traitement

Dès la conception d’un outil de traitement de données, la protection des données doit être pensée et par défaut l’outil doit être le moins intrusif possible afin de se conformer à la réglementation d’une façon dynamique et effective. Le responsable de traitement et le sous-traitant y sont responsabilisés avant (analyse d’impact), pendant (droit des personnes concernées) et après traitement (anonymisation ou effacement).

Les mesures de sécurité

Après avoir été collectées, les données sont protégées selon une approche par les risques, avec différents critères (nature, quantité, traitements des données). Le niveau de risque est déterminé par la probabilité qu’il survienne et sa gravité, en fonction de cela des mesures techniques et organisationnelles sont prises pour assurer une sécurité appropriée.

Les obligations en matière de sécurité sont les suivantes :  

- Empêcher les accès non autorisés et les utilisations non autorisées (confidentialité) ;

- Pas d'altération des données (intégrité) ;

- Accessibilité des données à caractère personnel et prévention contre la destruction ou la perte des données ou leurs accès (disponibilité) ;

- Traçabilité des accès aux données à caractère personnel et vérification des destinataires des données à caractère personnel.

​​​​​​​​​​​​​​Droits pour la personne concernée

Le consentement à l’utilisation de données à caractère personnel doit être obtenu formellement, de manière libre, spécifique, éclairé, univoque.

En matière de réclamation, voici quelques droits qui peuvent être invoqués :

- Droit d’accès (droit du citoyen de connaître ce que l’administration détient sur lui, pour quelle raison, ce qu’elle en fait, etc.) ;

- Droit de rectification (rectification de données inexactes, compléter des données) ;

- Droit à l’effacement (« droit à l’oubli », données qui ne sont plus nécessaires par rapport aux finalités / ont fait l’objet d’un traitement illicite / retrait de consentement) ;

- Droit à la limitation du traitement (données « verrouillées », qui ne peuvent plus être traitées, sauf conservation) ;

- Droit d’opposition (à tout moment, pour des raisons tenant à sa situation particulière, à un traitement nécessaire à l'exécution d'une mission d'intérêt public).

Il existe une autorité de protection des données : https://www.autoriteprotectiondonnees.be/

 

Cette journée a déjà permis d’explorer les possibilités qu’offre le numérique, tout en gardant à l’esprit les mesures de sécurité en matière de protection des données.

Rendez-vous le 20 mars prochain, lors de notre Assemblée annuelle, pour en connaître encore plus sur les défis et enjeux de la digitalisation !

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