Sans militantisme, il n’y a que des idées qui dorment dans des vieux livres

J’habite dans une commune rurale, à St Gérard.

J’ai grandi dans la ferme familiale que mon frère a repris et avec laquelle j’ai encore beaucoup de liens étroits. Je connais et je vis pour le monde rural. Mes parents ont inscrit leur ferme dans une démarche d’autosuffisance, je suis fière de voir que mon frère peut faire perdurer ce modèle avec ses BBB et ses Holstein.

Ce 9 juin, je serai 6ème candidate effective à la Chambre des représentants, sur la liste PS. Je pense que mes racines, mon expertise professionnelle, et mes contacts quotidiens avec le monde agricole me permettent d’apporter une vision précise pour orienter les choix politiques notamment dans les matières agricoles et de relation à l’animal.

Comment s’est manifesté votre intérêt pour la politique ?

Il y a de nombreuses années, en tant que vétérinaire, j’ai été très touchée par le drame vécu par les personnes âgées qui, devant entrer en maison de retraite, devaient se séparer de leur animal de compagnie. J’ai souhaité sensibiliser madame Eliane Tillieux (actuelle présidente de la Chambre des Représentants, et à l’époque ministre de la Santé) à ce problème. Madame Tillieux s’est montrée très attentive à mes propos, et nous avons vite sympathisé. Au fil de nos conversations et de nos rencontres, je me suis rapprochée de son combat politique engagé.

Comment définiriez-vous votre culture politique ? Est-ce que vous vous identifiez aux valeurs politiques du parti auquel vous appartenez ?

Ma culture politique est autodidacte. On ne faisait pas de politique dans ma famille. Je me suis forgée mes idées seule, en côtoyant les difficultés sociales de certaines personnes qui confiaient leurs petits animaux à mes soins, d’une part, et en observant les difficultés du monde agricole dont je suis issue, d’autre part. Je pense notamment à la complexité de la transmission ou de la reprise d’une ferme, à la diminution du nombre d’agriculteurs, à la perte de sens, aux difficultés des agriculteurs à se projeter à moyen et long terme…

Comme dit plus haut, j’ai rencontré et rencontre encore tellement de situations difficiles parmi ma patientèle, et dans le monde rural en général, que je préfère, en toute modestie, m’inscrire en tant qu’actrice de changement, plutôt qu’en simple « réceptacle » des souffrances et doléances.

Pensez-vous que les femmes disposent de nombreuses opportunités pour s’impliquer en politique ?

Je pense qu’une femme n’est pas l’autre, qu’une situation de femme n’est pas forcément la situation des femmes. Certaines ont des compagnons plus impliqués dans la vie d’un ménage ; d’autres, par contre, évoluent dans un milieu culturel plus passéiste.

Toutefois, oui, j’ai ce sentiment qu’une femme doit toujours en faire un peu plus qu’un homme pour s’imposer. C’est vrai en politique, mais pas que…

Avez-vous été victime de sexisme suite à votre engagement en politique ?

Oui, j’ai eu à subir plusieurs remarques sexistes, dont l’une, tellement odieuse, a même fait l’objet d’une plainte auprès d’UNIA. Ce n’est pas toujours simple, le machisme a la dent dure.

Mais ce n’est pas une généralité, loin s’en faut. Il y a des hommes très chouettes, en politique comme ailleurs, et j’ai la chance d’en côtoyer. Et puis, il y en a qui ont manifestement beaucoup de mal à s’extirper de l’âge des cavernes…

Vous définiriez-vous comme une militante politique ?

Oui, je suis militante. Sans militantisme, il n’y a que des idées qui dorment dans des vieux livres. Un de mes combats réside dans l’espoir que j’espère pouvoir redonner aux agriculteurs, à leurs enfants et au monde rural. Il faut rendre une perspective aux jeunes agriculteurs, leur faciliter l’accès au foncier, développer une agriculture plus sociale, sur base de filières proches, avec des interrelations responsables. Une agriculture plus écologique et plus épanouissante pour les fermiers. Et surtout, rendre leur rôle premier aux fermes : nourrir les gens et les animaux, en respectant la terre : la terre nourricière.

Que retirez-vous de cette expérience ?

Mon expérience politique n’est qu’enrichissement personnel. Bien sûr, c’est parfois très dur, souvent très décevant. Mais il y a des moments d’intense satisfaction, quand une idée que vous avez développée et portée va jusqu’à l’aboutissement ou quand d’autres portent vos idées plus loin. L’enrichissement personnel, je le crois, est ainsi fait, qu’il se nourrit autant de déceptions que de satisfactions.

Que répondez-vous aux personnes lassées par la politique ?

Je redirais cette phrase un peu bateau : « si vous ne vous intéressez pas à la politique, la politique s’intéressera à vous ». Soyez donc, vous aussi, acteurs du changement que vous souhaitez voir advenir, ne serait-ce qu’en supportant le programme politique qui vous convient le mieux, en vous rendant aux urnes.

 

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