Il y a de cela quelques semaines, nous nous étions réjouies de voir le maxi-statut du conjoint aidant franchir une étape supplémentaire, en intégrant les personnes nées avant 1956. En tant que femmes, et en tant qu’agricultrices, nous étions heureuses de pouvoir célébrer un pas de plus franchi dans la direction d’une reconnaissance juste et équitable pour le travail fourni par de nombreuses femmes au cœur de nos fermes.

Cependant, certaines voix se sont élevées pour reprocher aux UAW et à la FWA de se réjouir un peu trop fort peut-être, quand certaines inégalités restent encore à effacer pour atteindre une situation idéale pour le conjoint aidant… pour autant que l’on puisse considérer que cette situation idéale existe, et prend la même forme pour l’ensemble des agricultrices. Mais nous rentrons là dans un débat beaucoup plus large, qui mériterait probablement lui aussi d’y consacrer une vie entière !

Mais le sujet sur lequel il pourrait être intéressant de se pencher plus avant, c’est de refaire la genèse de ce maxi-statut, et de rappeler à ceux qui auraient tendance à l’oublier de quelle situation il est né, et comment il a évolué au cours de ces années.

Et lorsque l’on parle de situation de départ, il ne faut pas remonter très loin, puisque les premières améliorations du statut du conjoint aidant ont été obtenues en janvier 1990, lors de la création d’un « mini-statut ». Les conjoints aidants ont alors pu s’inscrire au bénéfice du statut social des indépendants, mais uniquement pour le secteur des indemnités en cas d’incapacité-invalidité-maternité. Les conjoints aidants ont dès lors été protégés individuellement, obtenant le droit à une indemnité en cas d’incapacité pour cause de maladie, d’accident ou après un accouchement.

J’entends d’ici le retour de flammes « Mais, ce mini-statut a été un échec !

Très peu de personnes s’y sont réellement inscrites… »

En effet. Et c’est la raison pour laquelle les femmes de nos mouvements ont continué de se battre, soutenues par les conjoints aidants d’autres secteurs économiques, pour qu’en 2003, soit treize ans plus tard, après plusieurs mois d’intenses négociations, un statut social complet soit mis en place pour les conjoints aidants nés après 1956. Nouvelle victoire, nouvelle célébration pour ce maxi-statut tant attendu. En 2005, un pas de plus encore : il devient obligatoire pour tous les conjoints aidants.

Mais effectivement, il nous restait encore à trouver une solution pour les conjointes aidantes nées avant 1956.

C’est désormais chose faite, nous offrant une nouvelle (petite) victoire.

Alors, au regard de ces éléments, peut-on dire qu’il était exagéré, prématuré, ou grandiloquent de se réjouir ainsi ?

Personnellement, de tout mon cœur, je vous répondrai : « non ». Non, jamais cela ne devrait être un problème de se réjouir de ces petites victoires, aussi petites et insignifiantes soient elles aux yeux de certains. Jamais je ne voudrais arrêter de célébrer chaque pas qui nous mène vers une meilleure justice sociale pour nos sœurs et nos semblables. Jamais je n’accepterai de laisser le pessimisme de salon s’installer en notre sein et porter ombrage à tout le travail effectué pour en arriver là.

Heureusement, l’ère du temps nous donne aujourd’hui à toutes la liberté de décider de ce que nous voulons célébrer, quoi qu’en disent les grincheux.

En cette fin d’année, je souhaite donc, à nouveau, lever mon verre aux petites victoires, qui forment déjà de jolies rivières et qui, je n’en doute pas, seront transformées en fleuves par les générations futures. Je décide d’avoir confiance, en moi, en vous, en elles…

Célébrons donc ensemble, encore une fois, et n’ayons pas peur d’être fières du travail accompli !

Joyeuses fêtes à toutes et à tous.

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