Pouvez-vous vous présenter brièvement ?
Je suis une agricultrice, très fière de l'être. J'ai une licence en droit et j'ai travaillé dans le domaine des stratégies de communication avant de créer mon entreprise en 2008. Je n'ai pas de tradition familiale dans ce domaine, mais en lançant mon entreprise, j'ai réalisé un rêve longtemps enfoui.
Quel type d’exploitation agricole avez-vous ? Dans quelle région ?
Je viens de la région des Marches, dans le centre de l'Italie. Je gère une exploitation agricole avec 80 chevaux et je cultive également des céréales.
Dans mon exploitation, j'élève des chevaux destinés à la compétition sportive (saut d'obstacles) et je cultive des céréales et des fourrages pour les nourrir, créant ainsi une filière intégrée. Je suis en agriculture biologique depuis plusieurs années.
Outre les activités agricoles traditionnelles d'élevage et de culture, j'intègre dans mon exploitation des activités multifonctionnelles. J'ai développé des projets pour accueillir en journée et en résidence des personnes en situation de handicap, notamment en situation de détresse mentale. Je gère également une ferme pédagogique et j'accueille des écoles qui visitent mon exploitation. De plus, j'ai une convention avec le Tribunal de ma province pour accueillir des personnes bénéficiant de mesures alternatives à la détention.
Comment arrivez-vous à gérer votre nouveau rôle de présidente du COPA-COGECA Femina en parallèle à celui d’agricultrice ?
Cet engagement m'a donné une grande énergie ainsi que la conscience que représenter les collègues européennes est un grand fardeau. Je concilie ces deux activités en comptant sur le soutien de ma famille à la ferme, tandis qu'au Copa-Cogeca, je suis entourée d'une brillante équipe d'entrepreneures qui représentent l'exécutif. J'étais consciente dès le début que prendre en charge la représentation de la commission féminine du Copa-Cogeca signifierait un sacrifice de temps pour mon entreprise. Heureusement, grâce à l'aide de tous, cette conciliation est possible.
Quels sont vos projets en tant que présidente?
Come commission féminine et donc en tant qu’équipe, nous avons planifié certaines priorités, deux d’entre elles étant la lutte contre la discrimination de genre dans l’accès au crédit pour les entrepreneures et l’importance de la santé mentale des entrepreneures. J’aimerais pouvoir élaborer un manifeste dans lequel les femmes agricultrices sont soutenues dans la lutte contre la discrimination de genre dans l’octroi de financements, et nous aimerions le soumettre aux représentants bancaires européens. Nous travaillons avec beaucoup d’engagement sur ce sujet.
En ce qui concerne le deuxième thème, je trouve qu’il est fondamental de détecter les difficultés rencontrées par les entrepreneures et de comprendre quel outils mettre en place pour les soutenir.
Comment voyez-vous l’avenir de l’agriculture européenne ?
C'est une très bonne question, vraiment d'actualité en ce moment. Nous sommes actuellement au centre de la scène politique et j'espère que nous aurons l'opportunité de démontrer que ceux qui font de l'agriculture aujourd'hui sont des entrepreneurs passionnés par leur pays, leurs traditions, et qu'ils tiennent à la protection et à la préservation du territoire où ils vivent. Ils sont capables d'élever et de cultiver dans le respect des animaux et de l'écosystème tout entier. L'agriculture connaît une profonde transformation qui pousse les agriculteurs à développer des projets de multifonctionnalité durables tant sur le plan économique qu'environnemental et social. Il est important que ce rôle soit reconnu, sans être diabolisé.
Et la femme dans tout ça ? C’est tellement impressionnant de voir les différences de conditions, de reconnaissance au sein de l’Europe.
Certainement, il existe encore des conditions différentes d'un pays à l'autre, c'est pourquoi il serait utile de faire un effort pour les aligner afin d'offrir les mêmes opportunités. Les agricultrices d'aujourd'hui sont le reflet de leur époque, elles parviennent à saisir les changements en cours et disposent d'idées, d'énergie et de ressources pour les mettre en œuvre. Il est de notre devoir de les soutenir dans cette démarche.
