Le fabuleux destin d’Amélie Poullain

Amélie Poullain est  maman de deux jeunes filles Clémence et Karelle et l’épouse d’Olivier mais elle est aussi et surtout une passionnée de… la ferme.

Après  des études d’agronomie à Soignies, Amélie, agricultrice à titre principal, a repris la ferme en association avec ses parents, une ferme d’élevage (BBB et lait) en 2004.A l’époque son époux travaillait à l’extérieur. Ensuite, la ferme familiale a été partagée entre les deux sœurs et le mari d’Amélie souhaitait revenir travailler avec son épouse. Il y avait du travail mais pas de quoi ramener un second salaire.

Une grande décision devait être prise : rester avec une petite exploitation et un petit revenu ou changer, agrandir ou se réorienter et permettre l’arrivée d’un second salaire. C’est la seconde solution qui a été choisie … mais quel type d’agrandissement ou de réorientation ?

La volonté d’Amélie était de garder la main mise sur son travail, elle voulait une spéculation sans quota, et qui dégageait un revenu rapidement.

Et l’idée du poulailler est arrivée.

La ferme des vaches… et la ferme des poules

C’est ainsi que les enfants ont baptisés les différents bâtiments.

Amélie et sa famille étant déjà super bien intégrés dans le village, le concept du poulailler est passé comme une lettre à la poste. Amélie a organisé avec son mari une rencontre avec les villageois et ainsi a pu expliquer leur projet car comme elle le dit si bien : « tout est dans la communication et l’échange ».

Il s’agit d’un élevage de poules pondeuses en plein air. Près de 40 000 poules qui gambadent sur plusieurs hectares.

Cela veut également dire 40 000 œufs quotidiens auxquels il faut trouver un débouché.

Pour vendre ces œufs, Amélie gère elle-même les contrats avec les marchands d’œufs. Ceux-là seront destinés aux commerces ou à la « casserie » pour les filières telles que boulangeries,….

Les poules restant 15 mois, vient le moment où il faut s’en séparer… et là aussi la communication joue un rôle important. Amélie propose à qui le veut de racheter des poules. L’année passée, pas moins de 4000 poules ont rejoint les jardins des particuliers.

Amélie a pris l’habitude d’aller à la rencontre de ces poules, dans et à l’extérieur du poulailler car elle peut ainsi les observer, voir si elles sont en bonne santé, ramasser les œufs qui pourraient ‘trainer’ et ces poules le lui rendent bien en la suivant partout.

Dans cette région, le prédateur de nos volatiles, outre le renard, est le rapace. Pour protéger son élevage, Amélie et son mari ont planté des arbres sous lesquels les poules viennent s’abriter au moindre passage du rapace. Ces pondeuses sont soignées aux petits oignons avec une volière et deux jardins d’hiver. Un poulailler plus petit a également été construit afin de pouvoir fournir les clients journaliers lors des vides sanitaires qui ont lieu tous les 15 mois pendant3 semaines à un mois. Ce poulailler ne sert que pour la vente directe.

Les œufs…. et le beurre

Le beurre a toujours été confectionné à la ferme des vaches. Déjà du temps de ces parents étant donné qu’il y a un troupeau laitier. Mais il ne servait qu’à la famille. L’habitude était de faire du beurre 3 à 4 fois par an.

Les clients venant de plus en plus nombreux pour les œufs, les restaurateurs commençant également à se fournir à la ferme des poules, beaucoup demandaient s’il y avait du beurre. La question a été entendue, réfléchie et mise en application. Amélie et son mari ont ainsi remis aux normes la ‘pièce à beurre’ avec un matériel performant  et permettant de pouvoir gérer les commandes. C’est ainsi que le beurre est revenu à côté des œufs.

De fil en aiguille, Amélie propose ainsi des œufs plein air, du beurre doux, salé et gros sel en 500, 250 et 125 gr, du lait cru, de la crème fraîche et du fromage blanc.

Quand passion rime avec organisation

Les journées commencent tôt.

Dès 4H00 du matin, les mardi, jeudi, et samedi, Amélie fait le beurre ainsi elle sait consacrer le petit déjeuner et les trajets vers l’école avec ces filles le matin. Dès 9H00 elle se retrouve dans la ferme des poules afin de ramasser les œufs grâce à un tapis roulant. Et 40 000 œufs ne se ramassent pas en deux temps trois mouvements !

L’après-midi est consacré aux commandes et livraisons en magasin et chez les restaurateurs du coin… Et les particuliers ? Ils sont accueillis à la ferme de poules. Amélie a bien essayé d’instaurer des horaires d’ouverture mais voilà, le temps est compté pour tout le monde et les heures d’ouverture n’étant pas respectées, Amélie a préféré ouvrir sa porte dès que le client arrive.

En plus du contrat avec ses marchands d’œufs, ses restaurateurs, ses magasins et ses clients à la ferme, elle avait commencé avec le concept de ‘La Ruche qui dit oui’ mais c’était assez frustrant de ne pouvoir servir les personnes qui avaient oublié de commander en temps et en heure. Aussi, comme Amélie aime gérer elle-même ses productions et surtout aime rendre ses clients heureux, elle va régulièrement sur la place de deux villages à la frontière française vendre ses produits. Sa camionnette est attendu et ses produits très apprécié. L’horaire ? De 16H à 18H00 horaire étudié car les clients sont disponibles à ces heures et la camionnette étant située sur un lieu stratégique, ses produits connaissent un succès sans mesure. C’est ainsi qu’elle vend en 2 heures près de 3000 œufs, 100L de lait et près de 30 kg de beurre.

Romedenne est un village très bien situé pour son commerce, proche de Givet où les français apprécient les produits fermiers, proche des campings de la région également, les profils des clients sont aussi diversifiés que ces produits.

Bref, la ferme des vaches et la ferme des poules…une histoire de famille ?

C’est vrai ! Sans le soutien de mon mari, de mes parents et sans leur travail quotidien auprès de moi, ce ne serait pas la même chose. Mon mari trait et je peux compter sur un coup de main quotidien  de mes parents

J’ai beaucoup de chance d’avoir une famille qui a le feu sacré que ce soit pour l’élevage, pour la traite, pour les poules ou pour le contact avec les clients, ils sont là et je les en remercierai tous les jours

Un petit regret ?

Entre les dossiers pour les œufs, la recherche de contrats, la gestion du troupeau de vache, la gestion des crises tels que le Fibronil, les commandes, la fabrication du beurre, la communication avec les clients, le temps passe vite …tout cela, Amélie l’a voulu et l’assume car c’était son rêve, c’est devenu sa vie… Mais l’administratif prend une ampleur catastrophique. Les lundi et mardi, de 13H à 16H, Amélie s’adonne à ces travaux de bureau.

Amélie vit sa vie avec passion, elle partage son temps entre ses vaches, ses poules et sa famille. Il ne lui reste pas beaucoup de temps pour une vie sociale comme le commun des mortel l’entendrait mais voilà, c’est cela le fabuleux destin d’Amélie Poullain.

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