Quand l’appel de la terre est le plus fort, quand l’amour du métier est primordial, quand la rencontre avec les clients est le principal… quand cette vie d’agricultrice vous donne la banane, vous n’avez pas à hésiter, vous mettez vos bottes et vous reprenez la ferme familiale, voici l’histoire de Marie, jeune pousse du BW installée à Bousval, maman de deux petits bouts de 3 ans et 4 ans et demi,  compagne de Nicolas et de ses « cocottes en ribote » un nom qui colle à la peau de cette petite famille ; joyeux et qui sonne bien à l’oreille.

Tu as repris la ferme en 2016, une évidence pour toi ?

Oui et en même temps, je ne me destinais pas à ce métier.

Je suis diététicienne de base et fille unique d’agriculteur. Papa avait repris la ferme familiale datant de 1919, maman est médecin. Puis vers 2016, je me suis posée certaines questions et ai décidé de reprendre des cours A et B organisés par la FJA afin de reprendre la ferme familiale quand mon père sera pensionné. La vie en a décidé autrement et suite au décès inopiné de papa, j’ai repris la ferme avec mon compagnon plus vite que prévu.

Quel a été le plus compliqué à gérer ?

Le plus difficile fut sans doute de trouver une nouvelle voie à cette ferme. Il faut savoir que ni mon compagnon , ni moi n’avons une formation agronome au départ.

Or, il s’agissait d’une ferme élevage viandeux– cultures. Je n’y connaissais rien à l’élevage donc on a arrêté cette branche. Pour les cultures, c’était nouveau aussi pour moi et mon compagnon. Pour rappel, je ne me destinais à reprendre cette ferme que beaucoup plus tard et aurais eu le temps de me former avec papa.

Heureusement, les cours suivis et ensuite les conseils des agronomes nous ont fortement aidés. Nous allions garder les cultures : céréales (froment, épeautre, escourgeon) mis en silos à grain pour être valoriser par la suite, maïs, chicorées, pommes de terre.

Mais voilà, il fallait rendre cette ferme rentable….

D’où l’idée de votre diversification ?

Il fallait se démarquer et en même temps être rentable assez rapidement. Nicolas, qui a fait les sciences po et a beaucoup voyagé de ce fait, a pu, de par le monde, rencontrer beaucoup de producteurs. L’idée de départ était de faire l’élevage d’alpagas pour la viande.

Mais ici en Belgique les alpagas sont considérés comme animaux de compagnie donc on ne peut les manger.

Du houblon, c’est un gros investissement de départ…

L’idée de poulailler mobile est venue à l’esprit.

Pourquoi un poulailler mobile ?

Après diverses rencontres et discussions, il s’est avéré que c’était ce qui demandait le moins d’investissement au départ et que je pouvais gérer facilement. Les prairies sont juste en face de la ferme, le long de la grande route. Elles ont été semées spécialement pour avoir une bonne qualité d’œufs : fléole des prés, trèfles blancs et violets, luzerne et ray-grass. La ferme étant bien située et aimant le contact avec les gens, je n’envisageais pas de vivre ma vie d’agricultrice sans ce contact. La vente directe était tout à fait possible, car tous les paramètres étaient là.

Et l’aventure commence…

Le premier poulailler est mis en place le 13 septembre 2019 dans les prairies. On devait choisir un nom sympa, qui sonne bien à l’oreille et « les cocottes en ribote » est venu de suite.

Le magasin ouvre ses portes quelques temps après. Les premiers œufs sont pondus et vu le succès rencontré, un second poulailler arrive pendant le confinement.

Y a-t-il des contraintes à ce type d’élevage ?

Non, juste avoir la place, car il faut bouger les poulaillers toutes les semaines.

Nous devons être attentifs pour les renards mais le type de clôture utilisé fonctionne bien, les poulaillers étant en face de la cuisine, je vois ce qui s’y passe sans problème.

Les installations sont pourvues de panneaux photovoltaïques qui permettent les ouvertures et fermetures de portes ainsi que la gestion de la ventilation.

Les portes s’ouvrent tous les jours de 10H au coucher du soleil.

Les poules sont autonomes, elles peuvent rentrer, sortir comme elles veulent, le pondoir est bien mis afin que l’on puisse récolter les œufs sans déranger ces demoiselles.

Les œufs sont toujours ramassés à partir de 11H00 car là, nous sommes sûr que la plupart auront pondu.

Il leur faut juste un temps d’adaptation au lieu, mais elles prennent vite leurs marques. Les poules arrivent vers 16-18 semaines et commencent à pondre vers 22 – 24 semaines. Le lot reste 18 mois puis il faut faire un vide sanitaire (imposé par L’AFSCA) de 10 jours. Nous avons donc deux lots de 245 poules.

La conception des poulaillers est faite de telle façon que tous les différents aspects liés à cette spéculation : le nettoyage, ventilation, ramassage des œufs, fermeture et ouverture des portes, sont hyper faciles à gérer.

Le plus compliqué est venu par la suite…

En effet, suite au déconfinement, les clients habituels sont restés mais pas les autres qui ont repris leurs habitudes. Nous nous sommes retrouvés avec des œufs qui se vendaient moins. Des points de vente ont été trouvés mais ce n’était pas assez.

Puis, dans la vie, il y a encore des anges gardiens. Daniel Colienne nous a contacté et proposé une solution qui parait peut-être évidente maintenant, mais qui ne l’était pas à ce moment-là.

Envoyer nos œufs vers sa région afin de les transférer ensemble vers une société des cantons de l’Est qui va les transformer en pâtes alimentaires. Ce projet est tout nouveau, les premières pâtes sont arrivées il y a 10 jours…

Il faut 900 œufs pour pouvoir obtenir 200kg de pâtes fraîches. Deux sortes de pâtes sont confectionnées : Macheronie et Caserechia. Nous envoyons nos œufs et nous récupérons les pâtes 1 mois après. Et la DLC étant de 2 ans, c’est en effet une bonne façon de valoriser nos œufs. Mais la priorité reste toujours le magasin à la ferme et servir en premier nos clients.

De beaux projets tous nouveaux !

Nous n’en sommes qu’au début, car cela fait à peine 4 ans que j’ai repris. Nous devons améliorer l’infrastructure de la ferme, la rénover, ça c’est Nicolas qui s’en charge , afin de tout rendre plus pratique.

Nous aimerions également ouvrir notre ferme à un projet collaboratif avec de jeunes maraichers qui cultiveraient sur des parcelles ici à la ferme, ça c’est un projet qui fait son petit bonhomme de chemin et pouvoir peut-être vendre le fruit de la récolte au magasin…

Bref des idées nous en avons plein, il faut juste le temps… Nous devons surtout veiller à rester sur notre ligne directrice : pouvoir gérer par nous-même et ne pas s’agrandir trop pour ne pas atteindre ce qu’on appelle le point de rupture, ne pas s’éparpiller afin de garder la main sur tous nos projets, nos productions…

Pour le moment, les poulaillers ainsi que le magasin et l’administratif occupent un temps plein. Les cultures et la rénovation de la ferme, aussi . Donc nous allons dans un premier temps perfectionner ce que nous faisons. Pour faire quelque chose, autant le faire bien ! Nous verrons par la suite…

 page FB « Les cocottes en ribote »

Avenue des combattants, 5

Bousval

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