Voilà maintenant deux mois que le monde entier vit en mode « covid ». Et le monde d’avant nous semble déjà si lointain, tous ces possibles d’avant qui nous paraissent maintenant presque inconcevables…

En tant qu’agricultrices(teurs), maraichères(ers), gens de la terre, nous voilà dans une situation paradoxale, un peu entre deux mondes ; d’une part, le monde économique et social qui nous entoure qui est fortement perturbé et d’autre part, notre métier, nos activités professionnelles qui suivent inexorablement le rythme des saisons. Les travaux des champs suivent leur cours, imperturbablement, covid ou pas. La plupart des semis et plantations sont déjà derrière nous. S’annonce maintenant le temps des premières récoltes, et je pense particulièrement aux fraises, asperges et autres légumes de printemps. Comme dans la majorité des fermes, les activités se poursuivent, la Nature se moque bien de la crise économique et sanitaire que nous traversons. Malheureusement, les producteurs de pommes de terre et laitiers subissent à nouveau les conséquences financières de cette crise.

La crise du coronavirus nous a montré les limites de la mondialisation. Nous avons pu découvrir, à nos dépens, à quel point nous sommes dangereusement dépendants de produits issus ou fabriqués au bout du monde. Cette prise de conscience a amené de nombreux consommateurs à un retour vers les produits locaux. Voilà de quoi à nouveau méditer à propos du Mercosur. Que nous importions des produits exotiques (café, thé, cacao, bananes, etc.) est une chose mais de là à importer des aliments que nous serions capables de produire chez nous, la limite est franchie.

Et si la relocalisation était la clé d’une économie plus résiliente ? (résilience : capacité à rebondir face à des événements traumatisants)

En se (re)tournant vers les producteurs locaux, les consommateurs nous montrent la voie, espérons que les responsables politiques s’engagent à leur tour dans ce sens…

 « Plus la chaine devient longue et moins le producteur initial bénéficie des euros utilisés pour acheter », nous rappelle Thierry Brechet, économiste à l’UCLouvain.

La crise actuelle a aussi mis en évidence une nouvelle classification des secteurs d’activités. C’est ainsi que la population a pu prendre conscience de l’importance des secteurs stratégiques tels que la santé et l’alimentation.

L’alimentation, nous y voilà ! En tant qu’agricultrices(teurs) et productrices(teurs) maraichers, c’est LA préoccupation de toutes nos journées. Et si cette tempête que nous traversons actuellement pouvait avoir au moins le mérite d’amener nos concitoyens à se rendre compte que manger est une chance et non un acquis ?  Il nous resterait au moins ça…

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