Ce matin, nous avons eu une nouvelle naissance dans la ferme. C’est toujours un moment particulier. C’est l’aboutissement d’une année de travail et de soins, c’est aussi l’avenir. Quel bonheur de pouvoir faire ce métier. Si beau et parfois si cruel pourtant.
Cela fait maintenant presque 4 ans que je suis venue rejoindre mon mari au sein de notre exploitation. J’avais auparavant une vie plus « simple », plus rémunératrice, avec beaucoup moins de soucis. Et pourtant, il n’y a pas un jour où je regrette mon choix. Travailler pour soi est tellement gratifiant. Enfin, pas vraiment que pour soi, car nous avons un travail nourricier. Se dire que sans nous, il n’y aurait rien dans les assiettes des gens, c’est merveilleux et à la fois stressant. Cela nous pousse à toujours faire mieux, à nous remettre en question afin de toujours produire de la qualité et de nous calquer aux demandes du consommateur. Ce dernier qui d’ailleurs n’est pas toujours bien informé du travail fourni. Nous avons beau le ressasser, le réexpliquer depuis des années. Il reste encore de grosses lacunes.
Et pourtant…nous n’en sommes pas assez remerciés. Tellement d’embuches se mettent sur notre route (dégradation de matériel, contre-publicité, mauvaise information…). Quand on voit dans les commerces le prix de vente de notre production, cela nous dégoute purement et simplement. Cette différence entre ce que nous avons reçu et ce qui est demandé au consommateur est trop importante. Ce n’est pas nouveau, cela a toujours existé.
De plus en plus, des initiatives de coopération entre producteurs se mettent en place dans nos régions. Je pense sincèrement que c’est ainsi que nous y arriverons. En se serrant les coudes. Le monde ne peut pas être toujours noir pour nous. Nous aussi on y a droit à notre part de soleil. On doit se battre. Faire table rase du passé et avancer… ensemble. Afin de pouvoir redonner à notre agriculture wallonne toutes ses lettres de noblesse.
Il faut aussi continuer à renouer ce lien si fragile avec les consommateurs en multipliant les occasions de les rencontrer. Ouvrons nos fermes !!! Personne n’a le temps, ça c’est certain. Mais personne n’a envie de disparaitre non plus. Alors il faut se bouger, communiquer, se rendre visible et accessible. Nous n’avons rien à cacher (même l’AFSCA le dit : « nous sommes de bons élèves. »). Tout le monde a vu ou du moins entendu parler de ces émissions du mercredi soir sur nos deux chaines nationales. Nous avons tous crié au loup et pour finir, en conclure que les gens ne sont pas assez informés. Profitons de tous ces débats pour rebondir. Nous sommes les meilleurs experts. Réapprenons aux enfants, dans les écoles, ce qu’est une ferme et quel en est son utilité. Ce sont ces enfants qui sont l’avenir de nos exploitations. Ils sont la génération de demain et, pour une fois, anticipons !
Cela fait des années que l’on ressasse les mêmes propos, que les autorités nous promettent de l’aide. Il faut que ça change. A nous, nouvelle génération, de faire bouger les choses. En continuant ce que nos ainés nous ont si bien appris et en innovant toujours. Ne pas encore attendre que cela vienne d’ailleurs et prendre sa vie en main dès maintenant. De par notre métier, nous sommes tous animés par cette même passion, que nous soyons éleveurs, laitiers, cultivateurs, … alors laissons tomber ces barrières et redevenons des paysans qui nourrissent le pays.
Grâce au mouvement UAW, j’aurais l’occasion de me rendre au COPA afin de débattre avec nos voisins européens. Car à l’heure d’aujourd’hui, il est plus qu’évident qu’il ne faut plus se contenter de mener une bataille régionale mais bien une guerre contre tous ces décisionnaires qui n’ont parfois jamais mis de bottes et décident pour nous, à notre place. Prenons la parole, ici et là. Profitons de tous ces outils qui sont mis à notre disposition pour promouvoir notre passion, notre gagne-pain. Bousculons le quotidien afin d’améliorer notre demain et celui de nos enfants.
Moi j’y crois, et vous ??
