Rencontre avec Maddly Ramelot, Jeune pousse de Namur 2019

Je vous propose une bouffée d’air frais, un rire chaleureux, une envie de partager sa passion :

Maddly Ramelot de la Ferme du Moligna à Buissonville pas très loin du Domaine de Chevetogne.

Maddly est une jeune femme qui a 1000 idées à la minute et qui, par son entrain et son dynamisme, est arrivée à mettre en place son rêve : apporter sa touche personnelle et sa créativité au sein de la ferme.

Maddly est l’épouse de Jean Borlon et tous deux sont parents de deux petites bouts : Jules 6 ans et Alice 2 ans.

A la base, Jean pensait reprendre le flambeau familial mais la ferme faisant partie du patrimoine du château et rattachée à un bail de carrière, les bâtiments n’étaient plus disponibles.  Le jeune couple a su reprendre le troupeau familial moitié BBB, moitié laitier et acheter une ferme voisine qui n’avait quant à elle pas de repreneur.

On recommence sur une page blanche…

Rencontre pétillante….

Comment as-tu rejoint l’exploitation ?

Je travaillais chez GSK depuis 2007 dans la préparation des vaccins. Et en 2010, mon mari et moi-même, nous nous sommes installés au Moligna.

Mon rêve a toujours été de venir travailler dans la ferme et de pouvoir y élever mes futurs enfants.

Mon caractère était ce qu’il est (rires), je ne me voyais pas revenir sans y mettre ma touche aussi j’ai commencé à faire de la glace que l’on vendait chez mon beau-frère à la boulangerie. Je travaillais déjà à 4/5ème temps au laboratoire.

Quand Jules est né, je suis passée à mi-temps. Et à la naissance d’Alice, j’ai fait une pause carrière pour élever mes deux petits bouts.

La ferme a toujours été comme une seconde vie, une nécessité. Au retour de ma journée de travail à Wavre, je troquais ma salopette de cosmonaute (utilisée dans les zones stériles pour la confection des vaccins) contre mes bottes et ma salopette d’agricultrice.

D’ailleurs j’ai passé  le cap ce 1er novembre puisque de conjointe aidante, je suis passée à agricultrice à titre principale.

Quel est ton rôle sur l’exploitation ?

Il y a des tâches qui varient en fonction des saisons et puis celles qui sont omniprésentes comme l’administratif

Pour le moment par exemple, je m’occupe des soins des veaux et comme le bétail est encore entravé, cela demande plus de travail en hiver.

Je m’occupe également de la laiterie, de l’écrémage et ensuite j’ai toute la partie transformation.

La gamme de produits est assez large donc cela demande de la méthodologie.

Avec la transformation le magasin qui vient de s’ouvrir, les enfants qui sont encore petits, le travail de la ferme et l’administration, je ne m’ennuie pas (rires). Heureusement nous pouvons compter sur la famille et mes beaux-parents.

Pourquoi as-tu lancé ta diversification à la ferme ?

J’ai un tempérament entreprenant, il fallait que je développe un truc à  moi pour y trouver ma place. La glace est un produit que j’ai toujours adoré travailler : ma première sorbetière je l’ai achetée à 12 ans.

Et même si dans la région, il y avait déjà beaucoup de concurrence, mais ce sont des produits que j’aimais faire. Donc j’ai revendu ma voiture et acheter une bonne machine sorbetière

Maman m’a souvent dit : « quand t’en as pas assez, tu t’en inventes ! »… C’est vrai que j’ai 1000 idées à la minute !

J’ai donc commencé en douceur malgré tout.

De 2010 à 2015, j’ai fait de la vente libre puis on a ouvert le magasin en 2015. Là je vends mes produits mais également des produits de consœurs comme Marie Cécile Crevits de Boninne. On y retrouve ainsi un peu tout ce qui se fait au niveau produits locaux : pâtes à tartiner, confitures, charcuterie,…)

Pour ma part, je transforme notre lait en glace, beurre, fromage, yaourts

Il a fallu un point de départ ?

Bien sûr, j’ai commencé, comme je le disais avec la glace.

Mon premier gâteau, élaboré en 2011, était celui de notre mariage. Comme j’ai adoré faire cela, je me suis spécialisée dans la confection de ceux-ci que mon beau-frère pâtissier décorait. Puis je me suis lancée dans la déco moi-même.

Après, avec les gâteaux et la glace, il y a des périodes creuses donc je me suis dit que faire des yaourts, ce n’est pas trop compliqué alors pourquoi pas ? Ce qui m’a amené tout naturellement aux fromages et au beurre. Et comme le magasin reste ouvert toute l’année, cela m’a permis d’avoir des produits confectionnés ici à la ferme à proposer pendant toute l’année.

On remarque que les clients sont attirés par les produits qui ont une identité, quand ce sont des produits faits à la ferme, et que les gens me connaissent  ils peuvent mettre un nom, un visage sur le produit.

Je me suis un peu étendue au niveau de la gamme des produits de la ferme : par exemple en glaces j’ai 16 goûts et 9 sorbets différents en fonction des saisons. Pour les fromages frais, j’en fabrique 4 sortes et pour les yaourts, il y a 12 sortes.

On a pu engager une ouvrière à mi-temps. Ce qui est super chouette c’est qu’elle habite le village, elle avait comme option à l’école « chocolaterie et pâtisserie froide » et elle est venue en stage  à la ferme. Comme le courant passait bien et qu’elle travaille super bien, nous lui avons proposé un contrat CDI à mi-temps.

Une réelle confiance s’est installée entre nous deux. Elle sait prendre le relais si je suis occupée à un autre poste de la ferme.

Elle s’est lancée dans la chocolaterie en tant qu’indépendante complémentaire (un vrai délice) et nous vendons ses produits dans notre magasin, un vrai succès !!!

En ce qui concerne le beurre, il a toute une histoire.

J’ai relancé une histoire de famille… Car ma belle-mère a toujours fait du beurre depuis toute jeune puisque ses parents transformaient toute leur production en beurre. Ma belle-mère vient d’ailleurs m’aider à la production. C’est elle et ma tante qui m’ont transmis leur savoir-faire et j’en suis fière.

Le beurre du Moligna a été primé deux fois cette année : médaille d’or lors du concours provincial du Namurois et médaille d’or également à la finale interprovinciale qui s’est déroulée à Battice lors de la Foire qui a lieu début septembre.

Des projets futurs sont envisagés ?

Nous avons un gros projet sur le feu. En effet, pour le moment, l’atelier et le magasin sont situés dans une partie de la ferme mais manque de fonctionnalité car je travaille pour le moment sur 2 niveaux avec la partie crèmerie en sous-sol. Cela en fait des escaliers en fin de journée (rires).

Nous en sommes encore au stade administratif mais cela avance bien et si tout continue comme cela pour l’hiver 2020, notre nouveau projet sera en route.

Nous allons rénover une ancienne grange qui a un certain cachet et en faire un magasin et un nouvel atelier…sur un seul niveau.

De plus, nous avons un projet de moderniser l’étable laitière.

Quelle est la vision de l’agriculture de demain ?

Une agriculture qui respecte l’environnement, où le citoyen peut revenir à la ferme et être en totale transparence avec notre métier.

Certes, les défis à venir sont gros mais « tant qu’il y aura des hommes… et des femmes, il faudra des agriculteurs ».

Je crois énormément en cette voie-là, je ne saurais pas manger de la nourriture importée de je ne sais où, je consomme tout ce que je fabrique et je veux produire ce que en quoi je crois.

 

https://saveursdumoligna.wordpress.com/

page fb @lessaveursdumoligna

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