Rencontre avec Marie Lembourg, Jeune pousse du Brabant wallon 2019

Quand modernité, passion du bon, agriculture locale et diversité s’allient, nous obtenons la ferme de la distillerie.

Le nom de la ferme familiale nous fait déjà entrer dans une histoire : la Ferme de La Distillerie.  A défaut d’y trouver des distillats de toutes sortes, nous y découvrons des légumes de toutes les couleurs…

C’est au sein de cette ferme située à Bousval dans le Brabant Wallon  que nous avons déniché notre jeune pousse du Brabant Wallon : Marie Lembourg.

Marie, 34 ans, est l’épouse de Jeremy Vermeiren et ils ont trois enfants :Lou, Camil et Léon.

Originaire de Charleroi, Marie a terminé un graduat en temps qu’éducatrice spécialisée, il y a maintenant 11 ans. Après avoir travaillé dans les hôpitaux psychiatriques et dans les services d’aide à la jeunesse, elle est maintenant en pause carrière.

Comment es-tu arrivée d’éducatrice à agricultrice ?

Il y a 2 ans, j’ai suivi les cours A et B en agriculture biologique à Nivelles et à Gembloux. Etant petite-fille d’agriculteurs, j’ai toujours gardé en mémoire de bons souvenirs avec Tonton Guy et Tante Anne-Marie ainsi que mes cousins. Dès que je le pouvais, j’étais à la ferme à soigner les bêtes, pailler les étables, aider à la traite.

Etre à la campagne était pour moi essentiel.

Je pense que j’ai cela dans le sang… D’ailleurs, toute petite, je disais à ma grand-mère : « Tu sais, plus tard, je me marierai avec un fermier et j’habiterai dans une ferme » !!! C’était écrit !!!

Comment ton projet est-il né ?

A la ferme, mon beau-père faisait des pommes de terre. La clientèle venait car il vendait celles-ci par sac de 10 ou 25 kg.

J’avais envie de proposer autre chose pour accompagner ces pommes de terre.

Pour savoir dans quelle direction me diriger, j’ai fait un questionnaire que l’on donnait à toutes les personnes qui venaient à la ferme.

De fil en aiguille, nous avons commencé à produire quelques légumes.

Mon mari m’a fait confiance et m’a rejoint dans cette belle aventure. Je le remercie d’ailleurs. Je suis fière de pouvoir proposer nos légumes issus de notre production avecles variétés de pommes de terre à chair ferme et farineuse.

Pourquoi des légumes ?

Le déclic s’est passé aussi quand j’ai eu ma fille. J’avais envie de manger sainement, de produire ce que je mangeais et d’offrir à mes enfants la qualité

Je me disais : « Marie, reviens aux choses simples, aux petits bonheurs quotidiens que peut t’offrir la nature »

Le pas a été fait et on continue…

Et comment a-t-il évolué ?

Au tout début, nous vendions nos légumes dans le hangar de triage de pommes de terre mais je ne trouvais cela pas très accueillant. J’ai commencé à vendre les légumes sur la marché de Genappes et de Bousval ainsi que celui du village.

J’ai remarqué que sur le marché, j’avais quand même certaines pertes. Donc on a décidé, mon mari et moi, d’acheter un distributeur. Cela comportait de nombreux avantages car nous travaillions tous les deux à l’extérieur de la ferme à cette époque et moi avec mes horaires irréguliers, ce n’était pas facile à gérer.

J’avais remarqué que les clients aiment quand il y a un horaire fixe, c’est plus stable, cela met un cadre.

Le distributeur répondait à nos attentes car disponible 24heures sur 24.

Les demandes pour les pommes de terre et les légumes évoluant fortement, nous avons acheté un second distributeur. Pour nous, c’est très efficace.

Par la suite ayant pris une pause carrière pour m’occuper de mes enfants, le contact social me manquait… Parler avec les clients de notre métier, leur expliquer notre façon de faire, notre façon de voir l’agriculture, me manquait…

Nous avons donc décidé de retaper un hangar pour y accueillir les clients dans un endroit plus agréable. Ceux-ci pouvaient ainsi choisir leurs légumes en vrac, taper un brin de causette, visiter le potager, faire de l’auto cueillette et nous pouvions les informer sur certains légumes plus méconnus.

C’est ainsi qu’une relation de confiance s’est créée petit à petit et je leur suis reconnaissante. L’échange entre le producteur et le consom’acteur est très précieux pour moi.

Des projets futurs sont envisagés ?

Chez moi, les projets fusent…C’est génial, ça donne de l’entrain mais bon, il faut gérer cela après. Heureusement, mon mari m’aide à redescendre sur terre.

Pour cela on est complémentaire (rires).

J’explique les projets que j’ai en lui donnant des exemples, je m’évade quelques instant et puis je m’arrête et je me dis quand même :"Où vais-je trouver le temps de faire tout ça"

C’est beau de rêver hein…(rires)

Cependant, nous sommes en train de créer un atelier pour la transformation de nos légumes et un atelier boulangerie/pâtisserie à côté du magasin. Ça va être bien…

Quelle est la vision de l’agriculture de demain ?

Pour moi, l’agriculture de demain, ce sont de petites exploitations polycultures/élevage vivant en autonomie.

On parle de plus en plus d’agroécologie qui est «l’application de l’écologie à l’agriculture» : Prendre soin du sol, recycler les matières végétales, éviter les pertes de ressources, amplifier les services rendus par la nature, favoriser la diversité des espèces en plantant des haies et arbres fruitiers.

Nous avons fait le pas d’arrêter de retourner le sol. Grâce au non labour, nous avons pu observer des populations plus larges de vers de terre qui aident au maintien de la structure du sol, participent au recyclage des nutriments, creusent des galeries permettant le transport de l’air, de l’eau et des nutriments. Le sol est plus en aérobie. Les racines vont plus en profondeurs. Les vers de terre sont également la nourriture de nombreuses espèces sauvages (oiseaux, hérissons...). La nature nous rend ce que l’on sème.

Nous pouvons être fiers d’avoir une terre vivante et fertile. Nous sommes à l’écoute de nos sols, de l’environnement qui nous entoure…Pour terminer j’ai envie de dire que c’est une belle relation d’échange.

Pour moi, ma vision d’avenir de l’agriculture passe également par l’entraide, l’échange de nos expériences, c’est une source d’enrichissement

Note du rédacteur :

Marie a mis au point une page Facebook très didactique et très colorée. Chaque mois, vous pouvez y trouver la liste des légumes de saison avec une recette de cuisine. Facile à réaliser, de saison et local… Que demander de plus.

fb @lafermedeladistillerie.be

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