L’UAW et le CSA, en collaboration avec la FWA et la FJA, ont organisé un séminaire de quatre jours portant sur « Les coopératives agricoles : une réponse aux enjeux des agriculteurs familiaux ? ».

Le premier voyage d’étude s’est déroulé en France et plus précisément dans le Nord-Pas-de-Calais.  Les visites ont débuté par la visite de la coopérative « La Prospérité Fermière ».  Ce groupement coopératif a été fondé en 1949 afin de regrouper, aider et accompagner les producteurs de lait. En 1991, au cours d’une réorientation stratégique, le groupe coopératif crée Ingredia qui, au fil des années, est devenue une importante entreprise de transformation de lait.

La coopérative compte 1800 agriculteurs et produit 375 millions de litres de lait par an. Elle permet de générer 3500 emplois directs et indirects et a donc un ancrage très local. Cette coopérative est également implantée à l’international.

Depuis 2009, les agriculteurs ne se contentent plus de détenir le capital, ils prennent désormais les décisions relatives à l’avenir de la coopérative tout en laissant toujours la gestion courante à des spécialistes. Les membres ont ainsi redéfini le projet de la coopérative autour d’un objectif principal : maintenir la densité et la diversité des exploitations laitières de la région en renouvelant l’ancrage territorial du groupe et sa relation aux adhérents. La coopérative cherche ainsi à accompagner les membres face aux contraintes auxquelles sont confrontées les exploitations familiales, afin d’assurer leur maintien.

La deuxième visite de la journée s’est déroulée dans la coopérative « Colza Oriacoop ». Cette coopérative a été créée en 2009 par 75 agriculteurs des régions du Pas-de-Calais et de la Somme. Ensemble, ils ont mis en place une usine de trituration de colza. Ils ont installé un système de production où les déchets de la trituration sont brulés afin de réchauffer la graine de colza pour l’amener à température idéale pour une extraction à froid. Une fois portées à bonne température, les graines de colza sont pressées et filtrées deux fois. L’huile est donc ainsi extraite sans l’aide d’intrants  chimiques. Le tourteau de colza restant est introduit dans les rations alimentaires bovines, porcines et avicoles.

Le groupe a ensuite suivit la présentation d’une fédération de CUMA. Les agriculteurs français présents ont présenté leur CUMA. Ils se sont regroupé à 34 exploitations et ont une grande majorité de leur matériel en commun. La taille importante de cette CUMA a bien évidement interpellé certaines agricultrices qui se sont interrogées sur l’organisation mise en place avec un si grand nombre d’agriculteurs. Ils ont expliqué que les clés sont : une bonne planification, des règles claires, une bonne participation de l’ensemble des membres et beaucoup d’entraide. Ils ont également souligné l’importance de la progression dans la mise en commun de matériel.

La deuxième journée de visites a eu lieu en Région Wallonne. Cette journée avait deux objectifs principaux. Tout d’abord, discuter du fonctionnement des coopératives visitées et des défis et enjeux qu’elles rencontrent ensuite échanger des idées et expériences sur la création de coopératives, avec un accent particulier sur les aspects de solidarité et rentabilité.

Nous avons tout d’abord été visiter la SCAM (Société Coopérative Agricole de la Meuse).Cette coopérative a été fondée en  1956 par Jean Mailleux. Elle distribue des produits phytosanitaires, des semences, des engrais, des céréales et des aliments composés pour le bétail. Aujourd’hui, après 50 ans d’existence, c’est la plus grande coopérative dont l’activité est répartie sur tout le territoire wallon. Elle compte dans son actionnariat 2350 agriculteurs coopérateurs et un fichier de clients actifs de près de 5000 agriculteurs wallons.

La SCAM a été créée par et pour des agriculteurs : elle est gérée par des agriculteurs au service des agriculteurs et son capital est détenu à 68% par des agriculteurs. En 2009, avec le groupe familial Vanden Avenne d’Ooigem, la SCAM a créé une usine d’aliments pour bétail.

La SCAM est avant tout une entreprise commerciale mais son organisation en coopérative permet qu’il y ait un certain équilibre et que les prix ne s’envolent pas. Le nombre de coopérateurs est très important et par conséquent la plupart d’entre eux viennent seulement aux élections. Par contre les services offerts sont tout de même importants et de nouveaux services vont être mis en place pour les membres. Ils offrent également un appui ainsi qu’une bonne prise en considération des besoins des producteurs en achetant des produits bien à l’avance.

Ensuite, le groupe a été visiter « Interbio » qui est une SPRL constituée par des producteurs bio. Lors de leur création en 2009, ils  avaient pour objectif de créer un outil de commercialisation pour les producteurs et les transformateurs bio locaux. Actuellement, il s’agit d’une plateforme de distribution des produits de leurs agriculteurs.

A l’issue de cette journée, certaines réflexions sont apparues au sein du groupe :

  • Les politiques devraient accompagner l’achat de produits et surplus issus de production biologique et/ou familiale en favorisant les pratiques d’achats institutionnels orientés vers ce type de produits.
  • Le rôle des coopératives est d’organiser les producteurs : elles sont responsables des aspects de production (semences, intrants,…) ainsi que des aspects de transformation et commercialisation. 
  • Les producteurs s’organisent en coopératives pour avoir un revenu plus important. Il semble que la plupart des endroits visités mettent en évidence le choix économique. Les membres du groupe estiment que la recherche du bénéfice ne doit pas être le seul moteur des coopératives.
  • Quand les prix sont intéressants, la plupart des producteurs vendent leur production individuellement alors que quand le prix est mauvais, l’intérêt envers les coopératives croît.
  • Il est important de reconnaitre que la coopérative est un instrument et pas la pièce principale. C’est un outil pour obtenir des avantages.

La dernière journée de cette semaine consacrée aux coopératives avait pour objectif principal d’approfondir les échanges sur les enjeux des coopératives agricoles. Il s’agissait, partant des leçons apprises lors du séminaire agricole et les visites sur le même thème organisées par le CSA les journées précédant l’atelier, d’échanger sur les défis qui s’adressent aux organisations agricoles pour favoriser le développement des coopératives.

Les ateliers se sont orientés autour de 3 thématiques :

  1. Les mécanismes de soutien public 
  • Au niveau législatif : l’état d’avancement était fort variable d’un pays à l’autre.
  • Au niveau des subsides et avantages fiscaux : Plaidoyer pour l’application des dispositions de la loi OHADA au niveau des exonérations fiscales 
  • Au niveau de la Volatilité des prix, régulation des marchés : Plaidoyer pour des mesures de protection 
  • Au niveau du crédit : Appuyer la création de coopératives de crédit
  1. La gouvernance

Les membres de ce groupe ont cherché à identifier les pratiques de bonne gouvernance identifiée lors du séminaire ou qu’ils connaissaient déjà :

  •  L’Assemblé Générale (AG) est la propriétaire de la coopérative et fait figure d’autorité en ce qui concerne les décisions de la coopérative
  • Elle est composée des membres qui ont le droit de vote. Principe : 1 membre = 1 voix, sans compter la part de capital de chacun.
  • Chaque personne qui vote respecte les normes de la coopérative, basées  sur le règlement.
  • L’AG peut élire un Conseil d’Administration (CA) qui peut formuler des politiques et des régulations qui doivent être mises en œuvre par la direction. Le CA devrait élire un président pour présider les réunions et créer un comité qui rapporte directement à l’AG.
  • Le CA doit désigner le manager qui va gérer la coopérative. Celui-ci a le droit d’engager des employés administratifs  et du personnel de terrain pour remplir les positions manquantes.
  • Les membres du CA et le staff de la coopérative doivent rendre des comptes  à la coopérative et les sanctions en cas de non-respect doivent être prévues
  • Le surplus net de la coopérative doit être redistribué annuellement aux membres, en fonction des parts investies dans la coopérative.
  • Le recrutement de nouveaux membres doit se faire via le CA, afin qu’ils les interviewent et valident leur adhésion.
  • Les enfants des membres ont la priorité pour devenir employés ou membres-producteurs de la coopérative.
  • Le CA  est responsable de l’externalisation des fonds, et du développement du réseau.
  • Les décisions critiques du CA requièrent un vote à la majorité.
  • Le renforcement de capacités des membres se fait via un budget alloué à partir du surplus net.
  1. Les relations entre les coopératives et les autres acteurs économiques
  • Importance de la contractualisation
  • Renforcement des capacités de transformation des coopératives
  • Echanges innovateurs entre coopératives au Nord et au Sud

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